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Le Kunsthaus de Zurich expose le «feu froid» de Georges Seurat.

Georges Seurat ouvre le cycle d'expositions du centenaire du Kunsthaus de Zurich. Une septantaine de dessins et de tableaux retrace de façon exemplaire la construction d'une œuvre, stoppée nette par la mort de l'artiste à 31 ans.

05 oct. 2009, 10:05

Un grand jeune homme silencieux et distant: c'est ainsi que ses amis décrivaient Georges Seurat (1859-1891), une des grandes figures parmi les précurseurs de la modernité et père du pointillisme. Mais un peintre qui s'enflammait dès qu'il parlait de son art. L'historien de l'art et philosophe Gottfried Boehm le résume d'une fulgurante expression: «le feu froid». C'est ce qu'on découvre dans l'exposition «Georges Seurat. Figure dans l'espace» que lui consacre le Kunsthaus de Zurich jusqu'au 17 janvier.

Seurat, un choix idéal pour inaugurer les festivités du centenaire du musée, qui se poursuivra notamment en 2010 avec une grande exposition Picasso. Ayant ouvert tant de perspectives à ses successeurs en une si courte période de création, l'artiste, comme d'autres impressionnistes, se trouve aussi à la charnière des époques.

Sa «Tour Eiffel», peinte vers 1889 alors qu'elle était terminée aux quatre cinquièmes, en est la parfaite expression: la pointe inachevée s'efface dans un ciel brumeux où la théorie de Seurat se manifeste pleinement: la couleur pure posée en taches et en points les uns à côté des autres se mélange dans la perception du spectateur.

Le directeur du musée Christoph Becker rappelle dans le catalogue à quel point il est difficile de rassembler des œuvres de Seurat. La surface des tableaux étant très fragile, les déplacements sont le plus souvent évités. Les scènes peintes à même le bois, dans des boîtes de petits formats emportées par les peintres à l'extérieur, ne sont que très rarement montrées.

De façon surprenante, l'entrée dans l'exposition se fait sans tableau. Il faut tourner dans la première salle pour découvrir, seule, une «Tête de jeune fille», (1877-1879), baissée, dans un profil presque caché. On le voit dans la suite de l'exposition sur de très nombreux dessins et tableaux: Seurat peint de préférence la figure humaine de dos ou de profil, une manifestation, peut-être, de sa timidité…

L'exposition a le mérite d'accorder beaucoup de place aux dessins. Avec le crayon Conti sur des papiers à gros grains, le peinte réussit de magnifiques clairs-obscurs qui montrent déjà son amour pour les lignes géométriques. Plusieurs «femmes au manchon» ont des tailles presque carrées.

Mais la géométrie et la recherche scientifique de la couleur et de la forme exacte prennent leur force avec les toiles. Seurat a lu les théories d'artistes comme Delacroix mais aussi les écrits du physicien américain Ogden N. Rood, («Théorie scientifique des couleurs», 1881) ou du mathématicien Charles Henry avec ses idées sur l'expression harmonieuse des couleurs et des lignes. S'attachant à la «figure dans l'espace» chez Seurat, l'exposition démontre l'infini calme se dégageant des horizontales dominant chez l'artiste. La «Tour Eiffel» et «Le cirque», «star» de l'exposition (provenant du Musée d'Orsay de Paris) mise en scène avec quelque grandiloquence par des panneaux latéraux, en sont les exceptions. Si aucune autre des grandes œuvres les plus connues n'est présente, les études préparatoires pour «Une baignade, Asnières» et pour «Un dimanche à la Grande Jatte» permettent de vivre et d'apprécier la «construction» d'une œuvre… AGI /La Liberté

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