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Là où se cache un trésor lacustre insoupçonné, une oasis de silence

Dans le flanc de la colline de Saint-Léonard, en plein cœur du Valais, s'ouvre une magnifique caverne recélant un lagon dormant de toute beauté. Plus grand lac souterrain naturel d'Europe, il fut pendant longtemps l'objet de légendes avant que l'on ne l'explore entièrement il y a plus de 60 ans.

18 juil. 2009, 06:52

L'existence de la cavité de Saint-Léonard était connue depuis fort longtemps des populations environnantes. Adossée aux pentes recouvertes de vignobles, elle ne pouvait échapper aux regards des vignerons. Les chaudes journées d'été, ils mettaient à rafraîchir leurs petits tonneaux de vin dans l'eau froide et silencieuse qui s'enfonçait dans les profondeurs de la terre.

La grotte, située non loin de Sion, a longtemps entretenu les légendes et les craintes qu'inspire généralement l'inconnu du monde souterrain, telle la découverte de louis d'or par un habitant de Saint-Léonard, ou la présence d'un serpent à pattes dans les eaux sombres. Lorsque Jean-Jacques Pittard, alors président de la Société suisse de spéléologie, l'explore en 1943, il n'y rencontre aucun monstre, mais en mesure toute la splendeur.

A ce moment, le lac arrive encore très près du plafond. En 1946, un tremblement de terre d'une magnitude de 6,1 sur l'échelle de Richter permet à l'eau de mieux se faufiler à travers les fissures et fait en conséquence baisser le niveau. En 1949, le site est ouvert au public.

L'entrée du lac souterrain se trouve au fond d'une petite crique où les visiteurs montent dans des barques. A l'image d'un gondolier des profondeurs, le guide mène son embarcation dans un silence complet, juste troublé par le clapotis de l'eau dû aux rames. Le trajet donne l'impression de naviguer sur des eaux mortes. Mais si l'on s'aide d'une lampe, on peut apercevoir des truites arc-en-ciel de 5 à 6 kilos introduites par l'homme et évoluant dans une eau avoisinant les dix degrés.

Profond de quatre mètres en moyenne, mais jusqu'à douze au maximum, le bassin contient quelque 24 millions de litres d'eau. Sa hauteur varie considérablement suivant les saisons, selon l'intensité des infiltrations provenant de la surface et l'apport de la nappe phréatique située à deux mètres au-dessus du niveau du lac.

Une fois arrivé dans la grande salle, la partie la plus haute de la grotte, on distingue toute la complexité géologique du lieu. Vieille de 15 000 ans seulement, la grotte a été creusée à la fin du dernier âge glaciaire par la «corrosion» de l'eau sur une roche relativement soluble, le gypse, visible dans la partie médiane de la crypte. Côté montagne, c'est du schiste houiller qui prédomine avec sa couleur rouille tandis que côté Rhône, les parois sont constituées de marbre.

Au bout de 300 mètres de navigation, l'extrémité du lac est atteinte. Elle se présente sous la forme d'une belle plage de sable fin sur fond d'un impressionnant éboulement de blocs de pierre dû en partie au séisme de 1946. Même si la grotte se poursuit au-delà de l'effondrement sur 150 mètres, la visite touche ici son point le plus éloigné. Le retour se fait vers un point lumineux, qui comme un phare, signale l'entrée.

Durant toute la visite, divers éclairages mettent la grotte superbement en valeur. De par leurs jeux de lumière, ils révèlent la clarté de l'eau et d'étranges rochers aux formes animales. Se succèdent ainsi toute une ménagerie comprenant un éléphant, une tête de crocodile, de girafe, de tortue et de chien, un chat noir, une vachette, un kangourou, un hibou, un bison et un mammouth.

Que le visiteur se rassure: le lac souterrain de Saint-Léonard a été béni en son temps par le curé du village et placé sous la protection de la statue de Notre-Dame des Gouffres. /NPA

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