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La jeunesse n'attend pas le talent

29 sept. 2010, 10:58

On attendait Xavier Dolan au tournant après le déjà plutôt réussi «J'ai tué ma mère» (2009), un premier long métrage écrit à l'âge de 17 ans et réalisé à 20. Salué à juste titre par la critique, ce récit d'un matricide fantasmé avait été couvert de lauriers à Cannes. Avec «Les amours imaginaires» (2010), ce très jeune réalisateur québécois confirme son talent dans un registre plus léger, tout en se laissant aller à quelques facilités.

Francis (joué par le cinéaste), jeune homosexuel sensible et taiseux, a comme amie de c½ur, Marie (Monia Chokri). Esseulée, cette dernière désespère un peu de l'amour. Au cours d'un dîner, ils font la connaissance de Nicolas (Niels Schneider), un bel Adonis à la blondeur irrésistible. Chacun pour soi, Francis et Marie s'éprennent éperdument du nouveau venu, au point de mettre bientôt en péril leur amitié en voulant le conquérir à tout prix. Las, Nicolas n'aime ni l'un ni l'autre en retour, enfin pas de la manière dont le souhaiteraient ses deux prétendants qui s'abîment dès lors dans un amour douloureusement imaginaire!

En guise de contrepoint à cette fiction volontairement minimaliste, le cinéaste essaime de soi-disant témoignages documentaires provenant de jeunes gens qui peinent à guérir de leurs blessures amoureuses ou alors complètement paralysés à l'idée d'avouer leur sentiment pour «le bel autrui». Le plus souvent tragicomiques, ces intrusions répétées d'un réel parodié ponctuent de façon révélatrice la détresse amoureuse des protagonistes fictifs. Entraîné par une bande sonore très rythmée, dont les chansons constituent autant de citations ironiques, le film prend vite l'allure d'un patchwork «pop art», qui entremêle des références directes aux ½uvres de jeunesse de Godard, des dessins de Cocteau et des costumes griffés Wong Kar-wai.

Sous le charme durant une bonne partie de la projection, le spectateur finira peut-être par s'agacer de la superficialité qui point peu à peu derrière ces fragments épars de désarroi amoureux. Dans le même esprit, il pourrait s'irriter de ces afféteries de style, du genre filmer les personnages de dos «parce que c'est le paroxysme de la vulnérabilité» (pour citer le cinéaste). Mais il faut bien que jeunesse (de talent) se passe!


Réalisateur:
Xavier Dolan
Genre: drame
Durée: 1h35
Age: 12 ans suggéré 14
Avec: Monia Chokri, Niels Schneider, Xavier Dolan
Cinémas: Apollo 2, Neuchâtel

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