Les gravures subtiles du maître bordelais du genre, Michel Estèbe, accompagnées des sculptures intrigantes de Michel Favre forment la combinaison d'artistes du nouvel accrochage de la galerie 2016 à Hauterive.
Dans les sculptures de bronze de Michel Favre, coulé à cire perdue, quelque chose se meut. Il y a une ascension, une direction, une recherche d'équilibre qui a trait à une dynamique. La famille de personnages qu'il façonne prend vie dans la matière et s'illustre dans un décor mystérieux d'objets courants, mais porteur de sens.
Ainsi, du plus épuré («Haute Tension») au plus inattendu («mémoire en vitrine») une histoire a lieu, le spectateur rentre dans la narration. Chez ces petits bonhommes anonymes, gracieux et expressifs, peuvent s'opérer des personnifications. Posés sur des savons empilés, une tête de hache, une arche, flanqués d'une boule, d'une pelote ou de vraies ampoules, ceux-ci sont agencés de sorte que leurs interactions avec les objets soient porteuses de sens.
Par le biais de ces montages se dégage une tension, parfois des jeux d'ombres, porteurs d'onirisme et dégageant un imaginaire fertile.
Chez Michel Estèbe, les productions sont aussi le résultat d'un fastidieux travail. Ici la «manière noire», une technique de gravure lente et très difficile où la plaque de cuivre est piquée longuement avec un berceau dont les grains sont raclés puis polis s'illustre en couleur veloutée. Devenu une figure classique européenne de la gravure, l'artiste propose des tirages qui ne dépassent pas la septantaine.
Fleurs, coquillages, insectes, ses natures mortes se détachent avec une précision époustouflante, témoignant de la rigueur de sa démarche. Certaines compositions présentent plusieurs plans, et jouent la pluralité du motif, laissant l'il bluffé, comme happé par les formes délicates et la densité des teintes.
Une exposition où la minutie et les détails poussent à une franche admiration.
Galerie 2016, Hauterive, jusqu'au 10 octobre, du mercredi au dimanche de 15h à 19h