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L'inestimable patrimoine musical du Montreux Jazz bientôt numérisé

Des enregistrements de concerts uniques, qui ont jalonné les 44 années d'histoire du Montreux Jazz Festival, seront bientôt sauvés et conservés pour les générations futures. Un effort inédit pour un patrimoine musical exceptionnel.

20 janv. 2011, 11:57

Des enregistrements d'artistes tels qu'Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, B.B. King ou Prince seront préservés et immortalisés grâce au «Montreux Sounds Digital Project». Un projet conduit par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) avec l'aide de sponsors privés.

Depuis la première édition du festival, en 1967, alors que se produisaient le Charles Lloyd Quartet et Keith Jarrett sur la scène intimiste de l'ancien casino de Montreux, le directeur de la manifestation, Claude Nobs a toujours tenté de conserver un enregistrement des morceaux joués devant le public montreusien.

Claude Nobs et son compagnon, Thierry Amsalem, ont consacré plusieurs années d'effort à la création d'une vaste archive musicale conservée dans un «bunker», construit spécialement sur le domaine du chalet du couple, à Caux, sur les hauteurs de Montreux et du lac Léman.

Près de 5000 heures d'enregistrement audio et vidéo, déclinant quelque 4000 concerts, le tout saisi sur près de 10 000 supports originaux en une douzaine de formats différents, sont conservées dans cet écrin spécial, voulu par le patron des lieux.

«Ce matériel constitue la plus importante vidéothèque de musique contemporaine live, depuis les années 1960 à nos jours. Des archives plus vastes que celles de la BBC, ou celles qu'on trouve aux Etats-Unis, en France ou en Allemagne», a souligné fièrement Claude Nobs, en décembre, face à un parterre de journalistes.

Le fondateur du festival, âgé de 74 ans, s'est dit «très ému et reconnaissant», sachant que l'avenir de ce précieux matériel sonore était assuré. «Il s'agit sans doute de ma plus grande récompense après celle d'avoir pu faire le festival», a-t-il affirmé.

Il y a une dizaine d'années, le géant de l'informatique Microsoft avait offert 50 millions de dollars à Claude Nobs pour le rachat de ses archives, destinées à enrichir un vaste projet retraçant l'histoire de la musique. «Ils auraient tout aussi bien pu m'offrir 100 millions, je leur aurais donné la même réponse», constate Claude Nobs. «Je préférais attendre de trouver les bons partenaires, qui soient à même de garantir la pérennité de ces archives. Ce qui est désormais possible grâce au projet de l'EPFL et au soutien d'un mécène vaudois (la marque de montres Audemars Piguet)», a-t-il ajouté. Pour sa part, le président de l'EPFL, Patrick Aebischer confie avoir éprouvé un véritable «choc» en découvrant qu'il n'existait qu'une seule copie des archives conservées au chalet de Claude Nobs.

«Il était de notre devoir de produire des copies de ce trésor et de le rendre accessible pour les générations futures. C'était aussi un défi technologique pour l'EPFL», a-t-il déclaré.

Sous la houlette de l'EPFL, les 5000 heures d'enregistrement vont être digitalisées en temps réel et conservées sur support Linera Tape-Open (LTO). Un travail qui devrait prendre près de trois ans pour les enregistrements vidéo et quatre ans pour la partie audio de l'archive.

Ensuite de quoi, tous les sept à dix ans, les enregistrements devront être transférés sur des formats de la nouvelle génération, afin de garantir le maintien et la compatibilité du matériel avec l'évolution de la technologie, estiment les spécialistes. Une fois digitalisées, les archives seront à disposition des chercheurs, étudiants, musiciens et autres professionnels, auprès de l'EPFL.

Une vingtaine de laboratoires de l'école devraient aussi en disposer, à des fins de recherche sur la technologie de production et postproduction audio et les saisies de données.

Parallèlement, l'EPFL prévoit aussi d'ouvrir un centre «MetaMedia» dans un nouveau bâtiment situé sur le campus flambant neuf du Learning Center, et qui pourrait aussi accueillir d'autres archives, telles que celles de la Cinémathèque suisse ou de l'Office fédéral de la culture.

L'ardoise de ce nouveau centre média de l'EPFL devrait se monter à près de 22 millions de francs, dont 5 seront consacrés à la numérisation des enregistrements du Montreux Jazz Festival.

Les archives ne seront visibles que par le biais du réseau en devenir des Montreux Jazz Café (déjà présents dans les aéroports de Genève et Sidney, bientôt à Zurich, puis en principe à New York, Paris, Francfort et Copenhague) ainsi qu'en DVD et CD «Live at Montreux» - environ 80 titres existent actuellement. /SBA

Traduction de l'anglais pour swissinfo.ch: Nicole della Pietra

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