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«L'Iliade» retrouve son souffle épique

11 janv. 2011, 11:39

critique - par jean borel

«Chante, Déesse, l'ire d'Achille Péléiade,

Ire funeste, qui fit la douleur de la foule achéenne…»

C'est sur cette colère d'Achille contre le chef de l'armée Agamemnon que s'ouvre l'épopée héroïque de «L'Iliade», racontant, comme chacun le sait, la tragédie du siège de Troie. Les 15 537 vers à six mesures ou hexamètres qui en décrivent les péripéties de manière inoubliable et grandiose sont, avec «L'Odyssée», l'une des sources où toutes les époques de la civilisation européenne ont puisé.

Vingt-cinq années de travail, d'attente et de reprises pour tenter de redonner à ce texte fondateur sa force originelle, tel est le défi que Philippe Brunet relève aujourd'hui avec brio, réalisant le souhait, depuis longtemps exprimé, que se trouve un jour dans le même traducteur la collaboration étroite d'un vrai poète et d'un helléniste accompli.

«Pour traduire «L'Iliade», il faut avoir foi dans le processus épique», dit-il dans la préface, et c'est bien ce processus épique qu'il a si magnifiquement réussi à rendre dans cette première transposition en vers de «L'Iliade», que l'on peut à nouveau déclamer comme aux origines, et qui fait la puissance inégalable de la voix d'Homère.

Le plus beau compliment que nous puissions donc lui faire est celui-ci: emportés comme dans un fleuve par la lecture de l'½uvre, ce n'est plus à l'art de la traduction que nous sommes attentifs, mais à l'épopée elle-même et à son intention héroïque. Le traducteur s'étant effacé, l'½uvre apparaît alors en pleine lumière et laisse librement parler, avec ses humeurs et son humour, celui que Dante proclame avec tant de justesse «Seigneur du chant de haute altitude /Qui au-dessus des autres vole comme l'aigle».

C'est ainsi seulement que «le mystère de l'art aédique transmet la vie, qu'Homère peut reprendre sa place, la toute première, et chanter encore, voix unique passant du pli d'une langue dans le pli d'une autre, ou, dans une langue unique, voix démultipliée à l'infini».

«L'Iliade», Homère, traduit du grec par Philippe Brunet, Seuil, 2010

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