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L'habit ne fait pas le moine

20 juil. 2011, 15:22

Dans «Harry, un ami qui vous veut du bien» (2000) et «Lemming» (2005), le réalisateur français Dominik Moll avait montré une grande maîtrise du suspense psychologique et de l'humour noir. Le spectateur ne sortait pas indemne de ses manipulations mêlées de sadisme. Aujourd'hui, le cinéaste revient avec un troisième long-métrage au sujet propice, mais qui se retrouve malheureusement dénué de ces «qualités».

Adapté du roman gothique de Matthew Gregory Lewis paru en 1796, «Le moine» raconte la perdition d'un frère capucin dans l'Espagne catholique du 17e siècle. Passé une petite confession entre le moine et le démon lui-même, le film débute par un prologue expéditif racontant en voix off l'histoire d'un bébé qui fût abandonné devant la porte d'un monastère. On retrouve ensuite Ambrosio (Vincent Cassel), adulte. Il est devenu l'une des figures les plus importantes et les plus admirées de l'Eglise, prêchant un discours moralisateur qui attire les foules de la Madrid voisine. Confronté un jeune novice au visage défiguré caché sous un masque, frère Ambrosio est en proie à des migraines atroces et des visions étranges. Succombant bien vite à la tentation de la chair, ce modèle de foi pourtant prompt à envoyer les sorcières au bûcher est également tourmenté par une passion dévoratrice pour une jouvencelle…

Alternant des extérieurs solaires avec les clairs-obscurs des cellules du monastère, Dominik Moll procède par signes et par flash-back pour exprimer la détresse de son personnage face aux démons qui le rongent. Les corbeaux et les rapaces guettent, tandis que les gargouilles se muent en objets phalliques meurtriers. Dès lors, la porte est ouverte à un mélange de genre oscillant entre polar, thriller et fantastique, à la manière des films de monstres de la Hammer ou des «giallo» mêlant érotisme et horreur. Mais bien qu'apparaissent quelques fantômes en surimpression et que la musique quasi grégorienne composée par Alberto Iglesias délivre une atmosphère baroque, la tension est contenue, à peine gothique, hélas! Même les scènes de sexe restent peu triviales…

Cassel à contre-emploi

Plus étonnant, le cinéaste ponctue ses séquences d'ouvertures et de fermetures à l'iris qui rappellent le cinéma muet et font ici l'effet d'anachronismes ridicules. Moll a-t-il recherché la démesure et le subversif dans le grotesque? Le tout sans compter des dialogues démonstratifs pesants et un Vincent Cassel qui, à contre-emploi, peine à convaincre dans le rôle du religieux solennel.

A l'heure de scandales sexuels qui marquent l'Eglise et la société, la décadence morale de l'œuvre de Lewis, celle-là même qui choqua lors de sa publication, et qui suscita l'admiration du marquis de Sade puis celle des surréalistes, semble aujourd'hui bien peu blasphématoire. En résulte un hiatus historique tel que l'on se demande presque si Dominik Moll a fait son film pour le public du 17e siècle…

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