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Kai Bumann, un maestro porté par la passion de la pédagogie

11 nov. 2011, 04:15

Chaque concert de l'Orchestre symphonique suisse des jeunes relève d'un formidable défi pour le chef berlinois Kai Bumann. A la tête de cette formation très particulière depuis 1998, le maestro emmène dans des œuvres exigeantes ses troupes, plus de 100 musiciens âgés de 15 à 25 ans, issus des conservatoires de tout le pays. Une démonstration de virtuosité à découvrir dimanche à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds avec, au programme, la «Sinfonietta» de Janácek, la «Symphonie No3» de Schubert et un poème symphonique de Wojciech Kilar, compositeur de la musique du film de Roman Polanski, «Le Pianiste». Entretien.

La direction d'un orchestre dont les effectifs se renouvellent constamment, semble une mission difficile, voire ingrate?

Il est vrai que réussir à créer un ensemble cohérent à partir de musiciens venant d'horizons divers est un défi, mais finalement mon travail n'est pas si différent de celui d'un orchestre professionnel, il faut juste avoir beaucoup plus de patience. Et on est récompensé par l'énorme engagement des musiciens, la joie qu'ils ressentent à la découverte d'une œuvre totalement nouvelle pour eux. Il n'y a pas une telle curiosité, une telle fraîcheur dans un orchestre professionnel.

Ce qui implique une approche pédagogique particulière?

Pas forcément! J'essaye juste d'obtenir un son homogène de la part de l'orchestre. Il est important que tous les membres s'écoutent, interagissent, comme s'ils faisaient partie d'un ensemble de musique de chambre élargi. J'essaye aussi de montrer que la musique est une langue permettant d'exprimer énormément de choses à condition de comprendre la signification d'une œuvre. Le contexte historique, ainsi que des connaissances en littérature, peinture, philosophie, voire en théologie, peuvent aider.

L'OSSJ fête ses 40 ans, c'est un bail, mais qu'est-ce qui vous distingue des autres ensembles de jeunes musiciens?

Cet orchestre fait incontestablement partie des rares institutions culturelles du pays représentant réellement l'unité helvétique. Il est beau de voir à quel point les échanges fonctionnent bien au sein de cet orchestre. Il y règne une énergie très positive et cela mérite d'être soutenu à tous les niveaux. La formation des jeunes membres de l'orchestre me semble très bonne au vu des résultats. Quand on écoute par exemple l'enregistrement live du «Heldenleben» d'il y a six mois, la 5e de Mahler ou «Le sacre du printemps», on est ébahi.

Kilar, Janácek et Schubert sur une même affiche, ce n'est pas banal. Comment élaborez-vous les programmes?

On essaie de concilier les demandes des jeunes avec les exigences des institutions qui nous soutiennent. Des compositeurs comme Mahler et Chostakovitch sont souvent plébiscités par les jeunes, Bruckner aussi. J'ai dû longtemps refuser «La Sinfonietta» de Janacek en raison de ses 12 trompettes. Mais là, nous avons la chance de pourvoir une aussi grande section de cuivres avec de bons instrumentistes. En opposition directe, la Symphonie de Schubert et l'introduction puissante, colorée de Kilar me semblaient de magnifiques compléments à des œuvres qui se rejoignent par leur aspect très dansant. cfa

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