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«Je n'écris que pour les voix que j'aime»

Cela fait quinze ans que Mathieu Boogaerts est apparu sur la scène musicale française avec le minitube «Ondulé». Interview avant son concert de demain, à Bulle.

27 janv. 2011, 11:57

Pour faire simple, disons que Mathieu Boogaerts a bénéficié pour se faire connaître de la brèche ouverte dès le début des années 1990 par Dominique A. A l'instar de ce dernier sur le fondateur «La Fossette» (1992), le Parisien proposait sur son premier album, «Super» (1996), une musique minimaliste et artisanale rompant radicalement avec la chanson telle qu'on la connaissait alors.

Mais si Dominique A est depuis devenu un artiste majeur de la scène française, Mathieu Boogaerts est quant à lui resté dans les marges, enchaînant des albums très personnels, cinq à ce jour, sans jamais donner l'impression de calculer quoi que ce soit. D'où l'étonnement, l'an dernier, de le voir collaborer au premier album de la «Nouvelle Star» Camélia Jordana. «Je savais que cette émission existait, mais je ne l'avais vue puisque je n'ai pas la télé», confie le Français. «Je suis donc allé voir des vidéos sur YouTube et, franchement, j'ai trouvé Camélia très intéressante, d'où ma motivation à travailler avec elle, tout en me disant que vu sa notoriété, j'allais peut-être touché le jackpot… Mais je n'accepterai jamais d'écrire pour une voix que je n'aime pas.»

L'une de vos principales qualités est d'être indéfinissable. Vous êtes à la fois homme orchestre, artisan, bricoleur et chanteur minimaliste. L'une de ces étiquettes vous convient-elle néanmoins?

Je ne sais pas parce que comme tous les chanteurs, je ne cherche pas à avoir une étiquette. A chaque fois que j'écris une chanson, j'essaie simplement de ne pas la faire ressembler à un morceau qui existe déjà ou que j'ai déjà fait. Je suis en perpétuelle recherche. Après, quand je rencontre des gens qui ne me connaissent pas du tout et qui me demandent ce que je fais, je réponds que ma musique est calme, poétique, mélodique et, je l'espère, moderne.

Ne pas vous répéter est donc votre souci principal?

A mon sens, le postulat de n'importe quelle activité artistique est par définition d'inventer quelque chose qui n'existe pas. Je crois aussi que je suis assez snob pour avoir besoin de me distinguer, de ne pas ressembler à quelqu'un ou quelque chose. Même si tout ce que je fais est la digestion de choses que j'ai déjà faites ou écoutées, je suis bloqué dès que j'ai trop conscience de mes influences. J'ai besoin d'avoir l'illusion que cela tombe du ciel et non pas des ondes radio.

Pour «I Love You», votre dernier album en date, vous vous êtes fixé une contrainte en décidant de commencer les morceaux à la batterie. Avez-vous besoin de contraintes, de défis, pour créer?

Sans parler de contraintes, on est forcément dans un cadre quand on compose. Je suis conditionné par le fait d'écrire des chansons de trois minutes avec une introduction, des couplets et un refrain. Si je faisais des chansons au XIIe ou au XXVIIIe siècles, ce serait certainement différent. J'évolue donc dans un espace bien défini. Mais au bout du cinquième disque, je me suis aperçu que si je procédais comme j'avais procédé avant, j'avais un peu le sentiment de tourner en rond.

Ce que j'ai choisi, ce n'est donc pas une contrainte, mais une autre façon d'aborder ma musique afin d'avoir de nouveau de l'enthousiasme et de la fraîcheur. Et ça a marché. Je me suis retrouvé très créatif et très motivé, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ce disque. Mais pour moi, ce n'est pas le propre de «I Love You» que d'avoir été fait à partir de la batterie. Il y a plein de disques qui sont nés à partir de rythmes, sauf que personne ne le sait alors que moi j'en ai parlé. /SGO-La Liberté

En concert demain à Bulle, Ebullition

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