Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«J'ai recherché la liberté»

A l'affiche d'un premier long métrage parlant d'immigration et d'intégration, l'actrice palestinienne Hiam Abbass est une fois de plus magnifique. Rencontre.

09 oct. 2009, 08:51

Trois thèmes importants sont abordés dans «Amerrika»: l'immigration, l'intégration et le racisme. Ce sont ces thèmes qui vous ont intéressés dans le film?

Je n'ai jamais pensé à ça quand j'ai accepté le film. A la base, j'ai simplement lu une histoire qui m'a beaucoup touchée dans son écriture et dans ce qu'elle essayait de raconter. Plutôt que de m'intéresser aux thèmes traités, je me suis intéressée aux personnages, à leur parcours. Les thèmes que vous mentionnez sont venus après, ils ne constituaient pas un critère me faisant accepter le film ou non.

Plus que de votre personnage, Raghda, vous semblez proche de Mouna, l'héroïne, qui se sent comme une étrangère aussi bien dans les territoires occupés qu'aux Etats-Unis. Vous êtes-vous reconnue en elle, vous qui êtes Palestinienne et avez grandi en Galilée avant de vous installez à Paris?

Oui, mais pas dans ce sens-là, car j'ai décidé de partir de chez moi pour des raisons complètement différentes. Mouna vit à Ramallah, dans les territoires occupés, avec toutes les difficultés de circulation que cela implique depuis l'installation du mur. Et c'est dur pour elle d'exister en tant que femme séparée et qui veut offrir une meilleure éducation à son fils. Moi je n'ai rien de tout ça, j'ai simplement choisi d'aller à la recherche de la liberté. Mais je me suis intéressée à l'histoire de Mouna parce que son parcours est intéressant, dans le sens où il nous permet de suivre une histoire individuelle dans une masse.

Votre personnage est par contre le symbole d'une intégration réussie…

Je n'aime pas ce mot. Raghda et sa famille sont simplement des gens qui essayent de mener leur vie dans un pays étranger. Pour eux, il s'agit simplement de recommencer une vie ailleurs: ils sont arrivés aux Etats-Unis sans aucun a priori et ont choisi ce pays parce qu'il est le rêve de beaucoup de Palestiniens, qui parlent plus facilement l'anglais que d'autres langues. Le mari de Raghda, qui est médecin, est arrivé à s'installer et à travailler. De quelle intégration parle-t-on alors? Le seul problème qui relève de l'intégration, c'est lorsqu'on essaye d'imposer notre passé et nos valeurs éducatives sur la nouvelle génération que l'on crée dans un pays étranger. «Aussi longtemps que vous vivez dans cette maison, vous vivez en Palestine», dit Raghda. Vous êtes là mais vous êtes Palestiniens! C'est énorme; cette phrase symbolise les frustrations de gens qui prennent conscience que, dans l'immigration qu'ils ont choisie, ils ne contrôlent plus leurs propres enfants, qui grandissent comme Américains alors qu'eux sont toujours Palestiniens.

Même si vous dites que ce sont les personnages plus que les histoires qui vous intéressent, votre filmographie est composée d'un certain nombre de films traitant de questions sociales ou politiques…

Je suis simplement née dans une période où je suis à la mode… J'ai l'âge idéal pour interpréter un certain type de femmes, et j'ai la chance d'avoir des réalisateurs qui écrivent pour moi des personnages magnifiques. Et il se trouve que ces réalisateurs, qu'ils soient Palestiniens, Israéliens ou Américains, traitent de l'immigration. Mais lorsqu'on me propose un rôle, je n'ai pas l'impression d'avoir une responsabilité envers le sujet. Si aujourd'hui on me propose une comédie où le rôle m'enchante, j'y vais, même si le film ne parle pas d'immigration ou du conflit israélo-palestinien. /SGO-La Liberté

Neuchâtel, Apollo 3; La Chaux-de-Fonds, Scala 3; 1h32

Votre publicité ici avec IMPACT_medias