«Le musée n'a pas été créé pour conserver un patrimoine préexistant, mais dans l'optique d'améliorer la production horlogère», rappelle le conservateur Edmond Charrière. «C'est par la promotion d'une culture artistique vivante, par la constitution progressive d'un patrimoine de référence, que la bourgeoisie éclairée de l'époque a contribué à la formation esthétique de la population industrielle». Constituée pour mettre l'art au service de l'industrie, la collection est faite des ?uvres acquises au fil des expositions, à l'image des trois premiers tableaux achetés en 1864: «Les faucheurs des Alpes», d'Auguste Bachelin, «Les vaches à l'abreuvoir», d'Albert de Meuron, et «La vallée de Zermatt», de Jakob Zelger.
Le musée ne se démarque pas, toutefois, par cette fibre patriotique. Sous le règne du conservateur Paul Seylaz, nommé en 1943, il franchit les frontières et s'ouvre à l'art contemporain international, via des artistes français et italiens notamment. Le MBA, nous dit le catalogue, ne tourne pas pour autant le dos aux artistes chaux-de-fonniers, lui qui célèbre L'Eplattenier, les frères Barraud, Evard, Dessouslavy, Perrin, L?wer et Froidevaux.
Edmond Charrière a poursuivi dans la même voie depuis 1984, celle de cette abstraction qui selon lui «fait la spécificité du musée». Tout en négociant d'autres virages, qui l'ont ramené en Suisse notamment, avec des artistes tels qu'Olivier Mosset et Christian Floquet, ou encore Andreas Christen et cet art concret zurichois peu prisé de Seylaz.
Au fil de son riche parcours, «De haut en bas, la collection» sollicite la souplesse du visiteur, appelé à faire le grand écart entre Léopold Robert, exposé à l'étage, et l'?uvre photographique de René Bauermeister, au sous-sol... Un sain exercice. / DBO