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Installations sonores à poil et à plumes

Une rotation électrique fait tourner une carcasse de vache sur elle-même. Un dispositif insolite fait tressaillir un cochon naturalisé porteur de cymbales. Les surprenantes installations sonores de l'artiste genevois Alexandre Joly sont à découvrir dès ce soir au Musée des beaux-arts du Locle.

28 mars 2009, 04:15

Pour sa nouvelle exposition, le Musée des beaux-arts du Locle accueille la première exposition monographique de l'artiste genevois Alexandre Joly. Visite guidée à travers un parcours énigmatique de mises en scène sonores invoquant l'étrange et le merveilleux, le macabre et le ludique.

A l'évidence ornementales par la répétition du motif, les plumes de paon perturbent d'entrée la vision du spectateur, affirmant leurs qualités esthétiques en devenant kayaks ou masques tribaux. Plus loin deux peaux de vaches aux poils lustrés et teints se soulèvent comme prêtes à attaquer.

Privilégiant le travail in situ, l'artiste genevois s'est inspiré des espaces du musée afin de proposer ses installations, et des matériaux de la région. Ainsi, cette barque échouée sur les rives du Doubs qui trône au sein du musée, gorgée d'une eau noire vibrante, dont les profondeurs fascinent et inquiètent à la fois.

Actif essentiellement sur la scène helvétique, Alexandre Joly puise dans la nature et dans le règne animal des éléments auxquels il attribue le rôle de diffuseurs sonores. A l'aide de l'installation intuitive de piézos, mini-haut-parleurs qu'il dispose le long de bois de bouleaux notamment, Alexandre Joly crée des légers bruits sourds révélateurs d'histoires pour le visiteur. «J'aime donner beaucoup de possibilités de voyager», explique l'artiste, enjoué.

Son exploration de nouveaux territoires sonores relève autant du chamanisme que de l'expérimentation, associant ingénieusement le végétal, l'animal et le minéral à l'électronique. Ainsi, un cochon naturalisé, dont les flancs sont piqués de cymbales, règne telle une idole sur un autel de paille interpellant le spectateur par ses incessants tressaillements sonores. Ou encore, «Marcel» (2009), ce petit écureuil empaillé, transpercé de toutes parts par de longues aiguilles d'acupuncture et reposant sur un foyer d'ardoises; est-il l'objet d'une cruelle séance de torture ou d'une tentative de réanimation? «Je cherche constamment le point de rupture, la limite entre la dérision et l'angoisse», révèle le jeune plasticien.

Et si, par le biais de ses installations à la fois ludiques et morbides, Alexandre Joly revisitait le genre de la «nature morte»? «J'aime plutôt parler de tableaux spatiaux», répond Stéphanie Guex, conservatrice du musée, «d'une manière de revivifier le genre ancien de la tradition picturale dans ce même domaine du contemplatif».

Récréatives au premier regard, ses installations deviennent véritablement inquiétantes, voire dérangeantes, à l'instar de l'œuvre «Tropical Corner» (2008), manège absurde mettant en scène une vache naturalisée fixée à un bras métallique qui tourne sans fin sur le fond sonore d'une musique hawaïenne. Disposées en cercle autour de l'animal, des chaises miniatures encouragent le spectateur à contempler ce spectacle étrange et loufoque, proche d'une séquence d'un film de David Lynch. Nostalgie? Alexandre Joly invoque l'enfance, mais surtout le rêve. «L'angoisse fait partie du rêve», rappelle-t-il. Ames sensibles s'abstenir! /SEC

Le Locle, Musée des beaux-arts, jusqu'au 14 juin. Vernissage, ce soir à 18h30, en présence de l'artiste

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