On se souvient de «People's Park», une exposition magistrale en 2006 à Saint-Ursanne, mais rares, hélas, sont les incursions de Robert Indermaur en terre romande. Une lacune que vient, en partie, combler la galerie Bleu de Chine, à Fleurier, avec un accrochage des toiles récentes du peintre grison. Un «détour» par le Val-de-Travers s'impose!
Déroutante, cette lettre T formée d'un personnage perpendiculairement couché sur un autre... Une certaine dérision s'insinue, aussi, dans les portraits, à la fois familiers et proches de la caricature.... L'art d'Indermaur déstabilise, il se situe sur le seuil où le monde réel bascule dans un pays de rêves. Alors, pareilles à des hallucinations, des constellations papillonnent autour des têtes; alors, un homme et des éclairages se reflètent dans l'eau d'un corridor anxiogène; alors, des personnages bouffons brouillent la frontière entre apparition carnavalesque et théâtre intérieur.
Indermaur laisse, dit-il, ses pensées vagabonder. Et dans les volutes de ces pensées qui se nouent à d'autres idées, à des images, apparaissent des mondes et des situations «surréalistes». Des situations fantasmées, qui n'en sont pas moins rigoureusement mises en scène, à l'image de ce personnage assis au fond d'une boîte, et observé par d'autres.
Il fallait un artiste de poids pour donner la réplique à cette uvre au caractère affirmé. Le galeriste Philippe Ioset l'a trouvé en Claude Tièche, déjà exposé en 2007. Formes sphériques, formes façonnées en symétrie, brutalité et rugosité du fer apprivoisées par la patine... Simplicité des lignes épurées... Les sculptures du Vaudois exhalent une apparente harmonie. Mais dans l'uvre de cet artiste qui se méfie du joli - sans doute parce qu'il rime avec ennui - se lovent des équilibres instables, des tensions subtiles, à l'image de ces pièces mobiles, où l'élan vers le ciel ne s'affranchit pas tout à fait des lois de la gravité.
Fleurier, Bleu de Chine, jusqu'au 27 mars; ve, sa et di de 15h à 18h et sur rendez-vous