Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«Il y a une marque de fabrique Juliette»

Comparable à nulle autre, la chanteuse sort un album plein de bonnes surprises. Elle en parle avec sa verve inimitable.

24 janv. 2011, 07:55

Elle est toujours là où on ne l'attend pas, Juliette. La chanteuse qui ne rentre pas dans le moule de l'industrie du show-biz est de retour avec un nouvel album, «No parano». Un titre qui dévoilerait une tendance à être parano? «Oh ben oui! La société est complètement partie là-dedans. La bonne illustration, pour moi, c'est la théorie du complot. Je n'en suis pas cliente, je trouve que c'est un très bon moteur pour beaucoup de dérives autoritaires.»

Dans le salon de l'hôtel où elle est descendue, la chanteuse parle avec verve de son dernier disque: un mélange entraînant de swing, valse, rythmes sud-américains et d'autres influences musicales encore, glanées çà et là. Et entre quelque histoire d'amour ou autre considération nostalgique, la dame a fait appel à des auteurs de prestige pour habiller sa galette, de Gainsbourg («Les dessous chics») à Prévert, en passant par Victor Hugo et Salvatore Adamo.

«J'ai appelé quelques jeunes auteurs pour travailler avec moi. (Rires.) Je l'ai fait surtout en spectacle, peut-être moins sur les albums. Par exemple, «Les dessous chics», je l'avais déjà chantée sur scène, j'avais fait l'arrangement pour Nolwenn Leroy. J'aime bien cet arrangement, et j'aime beaucoup chanter cette chanson, alors je l'ai gardée.»

Sur «No parano», Juliette, qui s'est toujours démarquée de la production musicale commerciale basée sur le paraître, pousse le vice à parodier un tube formaté, avec la chanson «The Single». «Vous savez quoi? Il n'y a personne que cela fait autant rire que les gens de chez Polydor, par exemple, les gens de l'industrie du disque. J'étais inquiète, je me disais que ça n'allait pas leur plaire, qu'ils allaient peut-être se vexer, mais quand ils ont écouté, ils étaient morts de rire.»

Au-delà de l'aspect comique, la chanson traduit bien la pensée de son auteure, avec des phrases comme «Prime time, play list, people, fuck off et cætera». «C'est toujours difficile d'être juge et partie: on va toujours vous dire que si vous adoptez ce point de vue, c'est parce que vous n'êtes pas content de ne pas en être. Mais cette chanson a aussi un arrière-plan sur la volonté d'en être, justement: les gens veulent absolument passer à la télé, on leur a expliqué que pour être heureux il faut être célèbre, et donc, ils sont prêts à se ridiculiser, à se compromettre. (...) La société du spectacle a gagné le droit de ridiculiser les gens, et je trouve ça dommage.»

Produite par une grande maison de disques, l'artiste atypique assure ne ressentir aucune pression et pouvoir s'exprimer en toute liberté sur ses albums, avec son style inimitable. «Je ne suis jamais aussi fière que quand on me dit «ça, c'est du Juliette!», car ça veut dire que Juliette existe, qu'on n'est pas obligé de me comparer à autre chose. Quand on me fait le «procès» de dire «c'est toujours un peu la même chose», je suis ravie, parce que ça veut dire qu'il y a une marque de fabrique, un style.» /JJE-Le Nouvelliste

«No parano», Polydor /Universal Music.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias