Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Il était une fois la révolution

03 juin 2009, 11:09

Présenté dans le cadre du cycle Passion Cinéma «Pasolini: Qui je suis», le troisième long-métrage du cinéaste italien assassiné en novembre 1975 est dédié au «glorieux pape Jean XXIII» qui ouvrit en 1962 le deuxième concile œcuménique du Vatican, plus couramment appelé Vatican II. Une année avant la fin de ce concile qui fut synonyme d'espoir pour des millions de catholiques rêvant d'ouverture, le réalisateur d'«Accattone» délivre sa contribution avec son extraordinaire «Evangile selon saint Matthieu» (1964).

Alors qu'il vient de subir l'anathème pour sa «Ricotta» jugé à tort comme blasphématoire, Pasolini séjourne à Assise. Dans la chambre d'hôtel qu'il occupe, il découvre une bible dont il lit le premier livre, l'Evangile selon saint Matthieu justement. Pour cet homme qui se dit alors athée et marxiste, c'est une découverte: le réalisme et l'engagement de l'ex-percepteur d'impôts d'Hérode le touche au cœur.

Sans vedettes, en noir et blanc, dans des terrains vagues de Calabre, Pasolini met en scène un film parfaitement conforme au récit d'origine, qui constitue un rappel sans réplique de la portée résolument politique du message du Christ, à travers son appel à l'insoumission, son combat pour l'équité. Restituant à la lettre le témoignage de l'apôtre comme le ferait un journaliste, il confère au Nazaréen une présence profane très éloignée des péplums hollywoodiens saint-sulpiciens.

Orateur véhément, son Jésus répète sans relâche que la piété n'est rien sans la justice sociale. Entièrement tendu dans l'accomplissement de son destin, il ne lâche rien, à la manière d'un Che Guevara qui, comme lui, n'ignorait rien de l'inanité apparente de sa mission. Revoir aujourd'hui ce chef-d'œuvre d'«arte povera» d'une beauté déchirante nous rappelle à la constance de notre échec. /vad

Cycle Pasolini, Neuchâtel, Apollo 3; La Chaux-de-Fonds, ABC. Informations sur www.passioncinema.ch

Votre publicité ici avec IMPACT_medias