Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Heinz Holliger, un grand Monsieur de la musique contemporaine

Hauboïste, compositeur et chef d'orchestre Heinz Holliger est un artiste apprécié au niveau international. En l'année de son 70e anniversaire, le monde de la musique lui rend hommage sous la forme de concerts. Ce soir à Neuchâtel, il sera accompagné des Swiss Chamber Soloists.

19 oct. 2009, 04:15

Propulsé sur la scène internationale sitôt après ses prix obtenus au concours de Genève, alors qu'il a 20 ans, puis deux ans plus tard à Munich, Heinz Holliger a aussitôt retenu l'attention des compositeurs. Inspiré par une telle révélation, Luciano Berio lui a dédié une «Sequenza». Dans la foulée, Ligeti, Lutoslawski, Ferneyhough, Elliott Carter ont enrichi le répertoire du hautbois. Entretien.

Vous avez été acclamé, dans vos fonctions d'interprète, de compositeur et de chef d'orchestre, cet été, au Festival de Lucerne. Vous avez joué le concerto pour hautbois de Jörg Widmann. Cette partition vous a-t-elle été dédiée?

En effet, cette partition a été écrite pour moi.

Vous avez captivé le public en tant que compositeur. L'interprétation de Jörg Widmann de «Rechant» pour clarinette solo, donnée en première audition, a été émouvante. Etait-ce une commande?

Non, j'ai écrit «Rechant» à la mémoire de Thomas Friedli, clarinettiste, disparu il y a peu.

Le désir de composer a-t-il été une suite logique de votre activité d'interprète?

Tout est arrivé en même temps, j'écris depuis mon plus jeune âge...

Vous avez travaillé la composition avec Sandor Veress, puis avec Pierre Boulez. Vous êtes-vous lancé dans l'aventure sérielle?

Veress a travaillé avec Bartok, il se situait dans la tradition. Je ne suis pas entré dans l'écriture sérielle, là où tous les paramètres, sons, attaques, nuances, sont consciencieusement mesurés.

Le concert de ce soir comporte-t-il des œuvres nouvelles?

En quantité homéopathique! Cependant j'aimerais vous dire qu'Aurèle Nicolet, flûtiste neuchâtelois de renom international, à qui je dédie une des pièces que vous entendrez ce soir, ne composait jamais un programme sans quelques pages nouvelles. La musique exige de l'imagination, l'instrument est un outil. Interpréter des pièces classiques ou contemporaines, pour le musicien, c'est pareil: il fait de la musique! On ne peut pas vivre dans un musée. Si on a peur de la création actuelle, c'est se cacher, c'est avoir peur de la vie... J'ajouterais qu'au temps de Haydn ou Mozart, toute la musique était «contemporaine», les interprètes auraient cru déchoir en présentant des œuvres connues...

Nous avons apprécié, il y a quelque temps, au Centre Dürrenmatt à Neuchâtel, l'exécution par le Nouvel Ensemble contemporain (NEC) de «Beiseit» l'hommage que vous rendez à Robert Walser. Une partition toute en sensibilité, inspirée de quelques poèmes, écrite pour contre-ténor, clarinette, accordéon et contrebasse...

Walser est un très grand poète. Il m'inspire aujourd'hui encore. J'ai écrit un opéra «Blanche Neige», tiré de son œuvre. Quant à Friedrich Dürrenmatt, nos familles étaient amies. Mon frère était son assistant de mise en scène. «Dans le domaine du sport, une victoire est difficile, réitérer l'exploit l'année suivante est le véritable challenge», dit Antonio Indaco, directeur artistique du cycle «Les grands interprètes» à Neuchâtel. Rencontrer le public sera la meilleure récompense. /DDC

Neuchâtel, temple du Bas, lundi 19 octobre, 20 h. Location à l'entrée ou 079 412 50 97. www.lesgrandsinterpretes.ch

Votre publicité ici avec IMPACT_medias