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Gulliver, notre miroir à tous

Des enfants, des adolescents, des musiciens professionnels: tous parleront le langage de «Gulliver, Lilliput aller-retour», un opéra de François Cattin créé dès la semaine prochaine dans le canton de Neuchâtel.

29 avr. 2009, 04:15

Des «Voyages de Gulliver», maints lecteurs ont gardé en mémoire un homme ligoté sur le sable, un «géant» capturé par les Lilliputiens. On pourra revivre l'épisode écrit par Jonathan Swift, la semaine prochaine au théâtre de L'Heure bleue, à La Chaux-de-Fonds. Mais dans une version sinon dénaturée du moins librement adaptée pour Jeune Opéra compagnie, par le compositeur François Cattin, le scénographe Stephan Grögler, le directeur musical Nicolas Farine et le librettiste Yves Sarda, dont les spectateurs ont pu apprécier cette saison la traduction de «Roméo et Juliette» mis en scène au TPR par Lorenzo Malaguerra.

Directeurs artistiques de Jeune Opéra compagnie, François Cattin et Nicolas Farine désiraient une œuvre qui puisse intégrer des enfants, des adolescents, des amateurs et des professionnels. Le résultat ne manque pas d'ampleur, avec 24 musiciens, tous traités en solistes, 60 enfants lilliputiens, dix jeunes filles chargées de commenter l'action, et deux interprètes, le baryton Simon Jaunin-Gulliver et la soprano Elisabeth Bailey, dans le rôle de la conscience du héros déchu.

«Notre défi, c'était de créer un spectacle qui puisse s'adresser à tous, dans la salle comme sur la scène», a situé hier François Cattin, lors de la présentation de «Gulliver, Lilliput aller-retour» à la presse. Dans la nouvelle de Swift, dont la portée philosophique dépasse largement le conte pour enfants qu'il semble être, Yves Sarda a trouvé matière à plusieurs niveaux de lecture. De quoi, en d'autres termes, nourrir l'imagination des enfants et la réflexion des adultes... Compositeur et adaptateur ont relevé un autre défi, celui d'un langage adapté à chacun, «sans tomber ni dans la niaiserie ni dans l'extrême complexité». Une confrontation de plusieurs mondes qui n'a pas manqué de soulever la question de la cohérence: une «grande difficulté», reconnaît François Cattin.

Metteur en scène et scénographe, Stephan Grögler a quant à lui ouvert une petite porte sur la «traduction» visuelle de ce corps étranger, Gulliver, échoué dans une société dont il ignore les us et coutumes. En guise de référence, il mentionne une exposition d'Annette Messager, plasticienne qui se prête au jeu de l'ambiguïté en mettant à mal des matériaux doux et «innocents», tels que les peluches d'enfants. Sur la scène de Grögler, les images d'un corps morcelé, les cordages d'un bateau - ou serait-ce un cordon ombilical? -, des peluches déchiquetées - ou serait-ce du sable? -, des cubes encore, créent un univers tout à la fois ludique, poétique et tourmenté. /DBO

La Chaux-de-Fonds, L'Heure bleue-théâtre, 8 mai à 20h, 9 mai à 19h, 10 mai à 11h; Neuchâtel, théâtre du Passage, 30 et 31 mai à 17h

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