Plusieurs Van Gogh, Degas, Monet, Renoir, Cézanne et le célèbre "Nafea" de Paul Gauguin: le Kunstmuseum de Bâle va perdre 18 des oeuvres les plus importantes qu'il héberge. La famille Staechelin a décidé de retirer son prêt au musée bâlois après une bisbille avec les autorités.
"Nafea faa ipoipo" ("Quand te maries-tu?"), que Gauguin a peinte en 1892 à Tahiti, sera probablement exposée pour la dernière fois à Bâle dans le cadre de la grande exposition consacrée au peintre français, qui ouvre ses portes dimanche à la Fondation Beyeler. La famille Staechelin l'a en effet vendue.
Ruedi Staechelin a confirmé jeudi une information de la "Basler Zeitung". Il n'a pas voulu dévoiler l'identité du nouveau propriétaire ni le prix de vente.
L'avenir des autres tableaux n'est pas encore fixé. Des discussions sont en cours avec plusieurs musées, a confié Ruedi Staechelin. Il n'exclut toutefois pas un retour au Kunstmuseum dans le futur.
Fermeture pour travaux
Le contrat de prêt arrivait à son terme. La Rudolf Staechelin Family Trust a décidé de le résilier alors que le Kunstmuseum de Bâle vient de fermer pour des travaux d'assainissement jusqu'en avril 2016.
M. Staechlin reproche au Département présidentiel de Bâle-Ville, en charge de la culture, d'avoir mal communiqué avec les prêteurs. Le problème ne vient pas du musée ni de son personnel, insiste-t-il.
Du côté du Département présidentiel, on regrette la décision de la famille Staechelin. Mais on relativise aussi son impact: la perte est douloureuse mais supportable, indique le président du gouvernement Guy Morin.
Faux bond en 1997 déjà
La collection Staechelin a représenté pendant plusieurs décennies une part importante du Kunstmuseum. Celui-ci possède toutefois encore un "trésor d'importance internationale", peut-on lire dans un communiqué.
Le Kunstmuseum avait déjà été privé des oeuvres de la collection Staechelin entre 1997 et 2002. La famille les avait transférées au Texas après la signature par le Conseil fédéral de la convention Unidroit sur le commerce illégal des biens culturels. Cette convention laissait craindre une éventuelle saisie en Suisse de certaines toiles.