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Grand film en mode tendresse caustique

Lion d'or à Venise, le troisième long-métrage de Sofia Coppola raconte le retour à la vie d'une jeune star hollywoodienne déjà déclinante, contrainte de s'occuper de sa fille de 11 ans. Intimiste et personnel, un autoportrait par la bande, subtil et réussi.

05 janv. 2011, 08:37

Errant dans les couloirs néoclassiques du Château-Marmont, hôtel légendaire où s'affiche tout le beau monde d'Hollywood, l'acteur Johnny Marco (Stephen Dorff) est une âme en peine. Alcoolisé et sous médicaments, il loue sur simple appel les services de professionnelles pour faire la fête, mais finit par piteusement s'endormir. Le lendemain, il déprime durant les séances de presse, assailli de questions insignifiantes.

De fait, Johnny s'est réfugié dans cet espace luxueusement protégé, histoire d'observer une pause qu'il voudrait salutaire. Loin de produire l'effet escompté, cette retraite dorée lui fait surtout prendre conscience de la vacuité abyssale de sa condition, celle d'un jeune premier déjà sur le déclin! Un beau jour, son ex-femme, que l'on ne verra jamais, est obligée de lui confier Cleo (Elle Fanning), sa fille de 11 ans, une parfaite étrangère! Pourtant, au contact de cette enfant gracile, en recherche d'affection, mais déjà si adulte, Johnny va se ressaisir, retrouver un peu goût à la vie, à défaut d'un sens!

«Somewhere» («Quelque part») vaut d'abord par sa description du vide qui caractérise le milieu mondain hantant La Mecque du cinéma. Avec une tendresse très caustique, Sofia Coppola dépeint un univers où elle a évolué dès son plus jeune âge. Dans un deuxième temps, comme dans ses trois premiers films («The Virgin Suicides», «Lost In Translation» et «Marie-Antoinette»), la fille du réalisateur du «Parrain» fait sciemment échec au scénario stéréotypé et consolateur que l'on extrait souvent au forceps de ce genre de situation intergénérationnelle…

Pas question de nous jouer le grand air de la filiation retrouvée, encore moins celui de la rédemption! La cinéaste ne nous berce guère d'illusions: pendant le temps très restreint dont il dispose, Johnny ne va donc pas faire de miracles, encore moins de grands discours, seulement essayer de ne pas s'ennuyer avec sa fille. Paradoxe magnifique du film, c'est la modestie, tellement sincère, de cette ambition qui le rachètera, si peu que ce soit, aux yeux de la petite! En cela, «Somewhere», couronné à Venise au grand dépit de certains critiques, apparaît comme son œuvre la plus audacieuse, la plus radicale, celle où elle révèle sans faire de chichi sa façon à elle de gérer l'héritage de son père Francis Ford Coppola, cinéaste monumental, qui a joué et perdu au jeu de la démesure hollywoodienne. Bâti sur des temps morts, minimaliste, «Somewhere» se veut déceptif avec, à la clef, un gain de réel, voire de vérité, qui nous sera sans doute bien plus profitable. /VAD

Réalisatrice: Sofia Coppola
Genre: drame
Durée: 1h37
Age: 7 ans suggéré 10
Avec: Stephen Dorff, Elle Fanning

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