Renart se soucie de nourrir sa famille et initie ses renardeaux à la chasse, tandis que les hommes veulent sa peau à tout prix... Sur la scène du Concert, à Neuchâtel, on se dispute, on se pourchasse, le goupil chapardeur de poules provoque l'ire des vilains qu'il vole et qu'il moque. Bien découpé face au public, le trou du terrier sert aussi de castelet à marionnettes. Une boîte à jouer d'où les comédiens s'échappent pourtant, pour investir tout un espace travaillé, très simplement, sur plusieurs niveaux. Auteur et interprète de «La rançon de Renart», le Théâtre à tous les étages porte bien son nom!
Tout public dès 6 ans, le spectacle dessine chacun des deux camps de façon homogène. Dame Hermeline n'est pas moins rusée que Renart son époux. C'est elle, d'ailleurs, qui expose la contre-offensive pour reprendre aux hommes l'enfant, l'une des siens, qu'ils ont enlevée. De l'autre côté, dame Mégersang et dame Gilette ne cèdent en rien à leurs époux querelleurs, laids et stupides.
Tout se joue sous le masque, avec une expression et une gestuelle outrancières chez les gredins grotesques, proches des pantins de la commedia dell'arte. Des poulettes giclent au-dessus du décor et retombent en une pluie de plumes. On use plaisamment de l'accessoire comme, encore, dans ce défilé de jambons, ufs et saucisses acheminés vers l'antre du goupil.
Quatre comédiens - Sylvie Girardin, Christiane Margraitner, Blaise Froidevaux et Salvatore Orlando - se glissent à eux seuls dans tous les rôles avec aisance. A l'image du terrain sur lequel il se déploie, le jeu ne manque pas de relief. La troupe s'est, en revanche, acquittée plus difficilement du développement de l'histoire, une succession de situations inégales, trop anémiques parfois sur le plan dramatique. De quoi niveler quelque peu notre intérêt de spectateur.
Neuchâtel, théâtre du Concert, aujourd'hui, demain, puis les 14 et 15 novembre à 17h; 13 novembre à 20h