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Fantasy sentimentale d'une romancière

31 déc. 2010, 11:23

CRITIQUE - PAR TIMOTHÉE LÉCHOT

A 20 ans, Samantha Introzzi fait paraître un premier roman sentimental et aventureux. Avec «Le Fils de la pluie», la jeune auteure neuchâteloise prend le parti de la fantasy, un genre qui exige de l'imagination.

Dans un registre résolument merveilleux, Samantha Introzzi superpose une histoire amoureuse à une quête aventureuse. Ses jeunes héros, Maggie McBury et Wendel Darens, qui se détestent dans leur quotidien irlandais, sont transportés par magie sur les terres de Zialgua. Combattant leur répugnance réciproque autant que leurs ennemis féeriques, ils s'éprennent l'un de l'autre et réconcilient les puissants dragons de la montagne argentée avec les divers peuples opprimés.

Quoiqu'elle eût mérité une relecture orthographique et typographique, cette première ½uvre est maîtrisée, travaillée, aboutie. L'auteure en a terminé la rédaction il y a quatre ans, c'est-à-dire très jeune. Pourtant, elle avait déjà l'art de construire un récit, et de le rythmer par des ellipses vives et d'utiles sauts dans le temps. En dépit de nombreux termes colorés, les phrases elles-mêmes restent simples et cadencées, comme le suggère cette description synthétique: «Des rosiers, des haies, des fleurs épanouies parsemaient le gazon tendre, embellissaient les rameaux noueux des chênes, des hêtres et des saules.» Le lexique est volontairement désuet, mais parfois répétitif et imprécis. Les visages se «rembrunissent» souvent; les cheveux «ondoient»; l'herbe «verdoie» toujours.

L'adhésion est totale aux codes de la littérature merveilleuse. Puissante, la magie constitue une réponse un peu facile aux principales questions soulevées par l'intrigue. Elle nous entraîne trop brutalement de l'Irlande à Zialgua et de l'état d'éveil au royaume des songes. En outre, l'univers conçu par l'auteure, avec ses noms chantants et ses décors stéréotypés, n'est pas toujours inventif. Les sirènes, les dragons, les vouivres sont directement issus des bestiaires fantastiques traditionnels, sans réappropriation.

Plus personnelles sont les peintures des personnages, dont les relations évoluent beaucoup. Avant de vivre un amour réel, Maggie doit rompre avec le charmant prince qui - à la fois idéal enfantin et intuition d'amant - la retrouve chaque nuit dans ses rêves. Ce regard sur la vie psychique et sentimentale d'une adolescente est d'autant plus intéressant qu'il est porté par une jeune adulte.

«Le Fils de la pluie», Samantha Introzzi. Joel Boisbeau ChaosEditions, Montezillon, 2010

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