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«Et si nous profitions de cette crise pour retrouver de vraies valeurs»

Celui qui fut la voix et l'âme de Supertramp s'exprime sur ses valeurs fondamentales: la spiritualité et l'amour. Entretien avec un artiste sensible qui entonnera, demain soir dans les arènes d'Avenches, certaines des plus belles chansons de notre héritage pop.

12 août 2009, 04:15

Roger Hodgson, peut-on vous décrire comme étant un homme de valeurs?

Je crois intimement que la raison pour laquelle nous vivons, c'est d'apprendre à aimer. Dieu est amour. Apprendre à le connaître et à connaître l'amour est une quête quotidienne. Et puis la vie m'a appris une chose essentielle: être reconnaissant permet de vivre mieux. La reconnaissance nous garde humble et nous permet d'apprécier la vie, même ses difficultés. C'est peut-être même dans l'épreuve que nous pouvons trouver les meilleurs enseignements pour être heureux.

Vous évoquez souvent l'amour dans vos chansons. Qu'est-ce que l'amour pour vous?

L'amour est un mot immense. A mes yeux, il englobe la gentillesse, la compassion, la compréhension et l'empathie. L'amour vrai n'attend et ne demande rien en retour. Dans notre monde moderne, la personne qui incarne le mieux cette idée d'amour universel, c'est Jésus. Il aime l'humanité, même si celle-ci l'a tué. L'amour prend racine dans le cœur. Et si nous pouvons parfois être si cruels envers les autres et la nature, c'est peut-être parce que notre société nous pousse à vivre de manière trop rationnelle. Une mère sait naturellement ce qu'est l'amour inconditionnel. C'est pourquoi les femmes commettent rarement des actes de cruauté. Nous, les hommes, devons apprendre à trouver l'amour par nos propres moyens. On nous enseigne à ne pas montrer nos émotions, à être des durs. Si la cruauté existe, c'est parce que beaucoup d'hommes ne ressentent rien. Et si nous profitions de cette crise que nous traversons aujourd'hui, et qui n'est pas seulement économique, pour retrouver de vraies valeurs et nous soucier davantage des autres?

Lorsque vous vous êtes cassé les poignets en 1985, vos médecins prédisaient que plus jamais vous ne pourriez faire de la musique. Comment avez-vous surmonté cette épreuve?

Ma spiritualité est une boussole dans ma vie. J'expérimente le bien-être dans la mesure où je fais de ma foi une priorité. La spiritualité me permet de comprendre et de supporter les difficultés, et d'en tirer un bénéfice. Quand je vis cette spiritualité au quotidien, je suis mieux avec moi-même et plus agréable avec les autres.

Votre orientation spirituelle a-t-elle eu une influence dans votre décision de quitter Supertramp?

Je devais suivre ce que mon cœur me disait de faire. Je venais de devenir papa de deux petits enfants et je ne m'y étais pas préparé du tout. Je ne savais pas ce qu'être parent signifiait. Depuis quatorze ans, Supertramp était toute ma vie, ma passion et mon identité. J'ai donc pris cette décision tout à fait impopulaire, pour m'éloigner de l'industrie musicale. Pendant dix ans, j'ai vécu avec ma famille dans un endroit retiré du monde dans le nord de la Californie, loin de Los Angeles.

En août 2005, pendant votre concert à Mont-Soleil, les musiciens de Nada Surf, visiblement émus, ont dit qu'ils étaient prêts à renoncer à leur cachet pour chanter une chanson à vos côtés. C'est un sacré compliment, non?

Je suis très reconnaissant d'avoir reçu un don, et d'avoir écrit des chansons qui ont passé le test du temps et qui ont touché des gens. Je n'ai jamais cherché à fabriquer un tube. Mes chansons viennent d'un endroit très profond: de mon cœur et de mes émotions. Je ne compte plus toutes les lettres que je reçois, dans lesquelles des gens me disent combien mes chansons les ont aidés et touchés. J'ai l'impression que l'industrie musicale a perdu son âme. Mais je n'en fais pas partie, je fais une carrière parallèle.

Comment vous décririez-vous en quelques mots?

Reconnaissant! Mais aussi sensible, simple, en harmonie avec la nature. Je suis un chercheur spirituel, désireux de saisir un peu mieux les mystères de la vie. Mais plus j'obtiens de réponses à mes questions, et plus de nouvelles questions se posent à moi. C'est une quête sans fin. /PVU

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