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Des hétéros qui se la jouent

30 oct. 2009, 11:09

Primé au Festival de Sundance, la grand-messe du cinéma indépendant américain, le troisième long métrage de la cinéaste américaine Lynn Shelton s'attaque au sexe dit fort, en tirant un portrait impitoyable d'une génération masculine assez piteuse. Cette comédie drôlement acerbe tire son argument d'une manifestation qui a réellement lieu chaque année à Seattle. Sur inscription, des amateurs comme vous et moi sont invités à interpréter et à réaliser un film pornographique de leur cru. Durant une journée, baptisée «Humpday», les œuvres primées par un jury d'experts sont mises en ligne sur le Net, avant d'être effacées. Non sans malice, la réalisatrice va détourner ce contexte «scabreux» à ses fins.

Toujours à Seattle, Ben (Mark Duplass), ingénieur spécialisé dans les transports en commun, doit composer avec Anna (Alycia Delmore), sa jeune et charmante femme, très pressée de tomber enceinte. Un soir débarque Andrew (Joshua Leonard), un ancien camarade d'études, de retour du Chiapas, sac au dos et désillusionné. Pas vraiment heureux de le revoir, Ben le reçoit froidement. La nuit avançant, les deux amis renouent cependant avec leurs vieilles habitudes estudiantines… Après quelques joints et beaucoup d'alcool, nostalgiques de leur jeunesse libertaire, ils se lancent un défi empreint de l'audace dont ils faisaient preuve jadis. Devant témoins, Ben et Andrew s'engagent en effet à participer au prochain «Humpday» en filmant leurs premiers ébats homosexuels. L'un et l'autre se sentent franchement hétéros, d'où la gageure!

Les deux garçons commencent alors une valse-hésitation prévisible. Pris dans l'engrenage, ils doivent se résoudre à passer à l'acte, plantant leur petite caméra dans une chambre d'hôtel anonyme. N'en disons pas plus pour ne pas déflorer un climax très attendu… Loin de railler la différence sexuelle, Lynn Shelton met plutôt à profit cette situation exceptionnelle pour brocarder des adultes incapables de prendre leurs responsabilités. Le pari si audacieusement tenté apparaît dès lors comme une dérobade, surtout pour Ben, paniqué à l'idée d'endosser un rôle de père. Dommage que la mise en scène, très paresseuse, ne soit pas vraiment à la hauteur de cette subtile analyse! /vad

Neuchâtel, Apollo 3; 1h34

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