Si les questions des petits méritent l'attention des adultes, les grandes interrogations de l'homme concernent aussi les enfants. Ecrite et montée par Julie Annen, la pièce «Ceux qui courent» s'inscrit dans la longue tradition d'un théâtre soucieux d'instruire autant que de plaire. Cette création, qui contourne l'écueil moralisateur pour mieux atteindre un public jeune, est à l'affiche du théâtre du Pommier, à Neuchâtel.
«Au début, c'est comme un été qui dure plus longtemps.» C'est parce que le réchauffement climatique ne nous inquiète pas encore suffisamment que la troupe belge PAN! présente avec didactisme la fiction cataclysmique de ses conséquences les plus effrayantes. La montée des eaux a submergé tous les continents, obligeant les habitants de la dernière île - un sommet de l'Himalaya - à réinventer la société. Pour produire de l'énergie sans brûler trop de ressources, un savant impose un modèle d'organisation sociale théoriquement parfait, mais incompatible avec l'incoercible liberté des hommes. Ceux-ci l'emportent sur la science pure; le monde n'est pas sauvé, mais l'interdépendance est réaffirmée.
Comment intéresser la jeune assemblée aux problèmes du climat, de la tyrannie et du partage des biens, sans réduire leur complexité à un manichéisme mal venu? Les trois comédiens ont l'habileté de rendre concrets ces débats par les ressorts d'un jeu clownesque, corporel et même sportif! C'est aux parents d'expliciter, dans un chuchotement constant, les passages plus hermétiques.
Timothée Léchot
Neuchâtel, théâtre du Pommier jusqu'au 25 octobre. Les samedis et dimanches à 17h. Suivi d'une animation de Pro. Philo les samedis