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De la mine aux galeries de l'art moderne

C'est par le truchement du dramaturge Lee Hall que la compagnie du Passage accueille le public d'une nouvelle saison. La comédie «Les peintres au charbon», traduite par Fabrice Melquiot et créée par Marion Bierry, théorise les rapports possibles entre l'art et l'action sociale à partir d'un épisode authentique de l'entre-deux-guerres anglais.

24 oct. 2009, 04:15

Sortis de leur caverne pour s'élever aux lumières de l'art, cinq mineurs désespèrent un professeur par la cécité culturelle de leur éducation. Pourtant, le crayon en main, ils développent une expressivité peu académique qui les conduit dans les galeries méandreuses du monde de l'art. Soumise à l'écho de nos références françaises, la thématique évoque «Art» autant que «Germinal», sans atteindre les profondeurs philosophiques de Reza et sans excaver toute la passion du socialisme zolien. Politiques ou artistiques, les discours reproduits sont peu instructifs. L'approche marxiste, le verbiage universitaire, la psychanalyse freudienne et le formalisme abstrait s'annulent en se contredisant, si bien qu'ils n'ébranlent jamais l'appréciation naïve des cinq autodidactes. Ces vains débats nous laissent sur un projet artistique bien peu avant-gardiste: en valorisant les petitesses de la mine, les peintres serviront la cause enfouie des masses prolétaires.

Pourtant, la pièce reste fascinante là même où toute tension tend à s'atténuer. Avec plus de réussite que ses personnages, l'auteur réalise une peinture sociale dont la distance esthétique et comique n'empêche pas l'empathie. La metteure en scène Marion Bierry et le scénographe Gilles Lambert s'entendent pour renforcer le pictorialisme scénique d'une telle écriture. Au premier plan sont projetées les œuvres originales du groupe. En toile de fond, un gigantesque rectangle d'or transforme la scène en composition plastique.

Mais ce grand tableau reste moins visuel qu'incarné. Présents et consistants, les comédiens ont peaufiné la complémentarité de leur interprétation, à tel point que la communauté artistique et minière apparaît comme un corps inséparable. Ainsi s'explique la réticence d'Oliver (Robert Bouvier) à accepter la bourse qui l'aurait éloigné du groupe. Même le maître Lyon (Thomas Cousseau) ne parvient jamais à se désolidariser des élèves dont il a jadis exploité le succès. /TLE

Neuchâtel, théâtre du Passage, demain à 17h. Le 29 octobre à Yverdon et le 31 octobre à Berne

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