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Dans le secret des maisons d'édition

30 août 2011, 12:02

Malgré la disparition en juin dernier de Vladimir Dimitrijevic, fondateur des éditions l'Âge d'Homme, et le changement de direction aux éditions Zoé début 2011, le paysage éditorial suisse romand prend la direction de la continuité.

Pour Marko Despot, collaborateur des éditions l'Âge d'Homme, le décès de l'éditeur serbe est une perte, mais «on continue comme avant». Les héritiers reprendront légalement l'entreprise de leur père, et Andonia, fille de Vladimir Dimitrijevic, et libraire à l'origine, s'occupe maintenant de l'aspect commercial et administratif des éditions où elle travaille depuis plusieurs années. «Quant au niveau éditorial, la responsabilité est partagée depuis toujours entre les directeurs de collection, et ces personnes continuent de travailler. » Parmi les nombreuses parutions de cet automne dont des traductions de l'anglais et de l'italien, Marko Despot mentionne celle, en octobre, des nouvelles éditions complètes de l'écrivain suisse Charles-Albert Cingria. «C'est une boucle qui se ferme: Charles-Albert Cingria était présent aux débuts de l'Âge d'Homme.»

Des livres en devanture

Aux éditions Campiche, les livres de l'automne paraissent plus tôt que d'habitude, grâce à la deuxième édition de la manifestation «Le Livre sur les quais» où l'on peut rencontrer de nombreux écrivains et qui a lieu à Morges cette fin de semaine, du 2 au 4 septembre. Bernard Campiche se targue d'un programme exceptionnel: «Le tout dernier Anne-Lise Grobéty, un livre magnifique terminé juste avant sa mort. Elle était le deuxième auteur que j'ai publié. Et c'est un honneur pour moi que de finir notre collaboration sur un si beau livre. Nous publions également un roman historique d'Anne Cuneo et deux très beaux romans d'auteurs «maison», Thierry Luterbacher et Nicolas Verdan ». Quant à d'éventuelles pressions économiques susceptibles de guider son programme, l'éditeur répond: «Non. En ce qui me concerne, l'aspect «économique» passe largement au second plan, surtout après 25 ans d'activités!»

Même réponse de Michel Moret des éditions de l'Aire: «L'Aire a la chance de ne pas subir de pression économique. Plus la vie est difficile, plus nous prenons de risques. Les éditeurs bien portants ont presque toujours des programmes médiocres.» Il rappelle que la rentrée littéraire est «un passage obligé, même si 300 romans français ne seront ni recensés, ni lus. En comparaison, les auteurs romands sont chanceux.» En effet, le nombre de romans publiés en automne, moment stratégique parce que situé peu avant les prix littéraires les plus prestigieux comme le Goncourt, se monte depuis longtemps à plusieurs centaines. Les éditions de l'Aire y contribuent avec un premier roman de la jeune Laura Gamboni, un accent sur la Grèce avec la réimpression de la trilogie d'André Bonnard, «La Civilisation de la Grèce» et une étude d'Yves Gerhard sur André Bonnard et l'hellénisme à Lausanne. «Et «Le Sourire de Pan», un grand roman de Jacques Périer, se déroule dans un monastère grec.»

Aux éditions Zoé, pas de changement de cap, malgré le fait que Caroline Coutau en assure la direction depuis février 2011. «Je ne suis pas seule à bord, Marlyse Pietri, fondatrice des éditions, soutient et défend les livres autant que moi et notre équipe est très soudée autour des livres.» Parmi les publications d'automne, de nouveaux auteurs comme Ursula Priess, la fille de Max Frisch, qui raconte sa relation avec son père, Gertrud Leutenegger, et «Helene Cooper, américaine du Libéria, qui raconte l'histoire tragique du Liberia sous forme autobiographique, de manière aussi légère que bouleversante.» Malgré une certaine continuité au niveau éditorial, les éditions Zoé se préparent tout de même à un changement technique qui concerne tous les éditeurs: «Nous avons fait numériser 150 titres. Nous sommes dans une logique d'expérimentation, et adapterons en fonction de ce qu'il va se passer. Vendrons-nous, ne vendrons-nous pas? Très vite? D'ici 5 ans seulement? Peu se risquent à des prédictions, sinon qu'il faut se préparer à un changement.»

En résumé, tous continuent de miser sur la qualité, sauf Philippe Villette, le fondateur des éditions Pierre Philippe, une toute nouvelle maison qui vise la quantité et affiche l'ambition extravagante de vendre 200 000 exemplaires de chacune de ses parutions, et commence avec le premier roman de la danseuse étoile Geny Laffitte. Affaire à suivre.

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