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Cors des Alpes et âmes en peine dans les murs du Temple allemand

24 juin 2011, 14:23

Une dernière fois, le chant du «ratrac» retentit, strident, grossi par l'écho nostalgique des vallées vides… Asséchées par le réchauffement climatique, désertées par le tourisme, les Alpes meurent avec leurs hordes de moniteurs de ski, de guides et de restaurateurs. Privé de son or blanc, le peuple d'en haut redescend dans la plaine pour raconter sa misère et chercher du travail.

Dans «Désalpe», Antoine Jaccoud anticipe l'agonie de la haute montagne. Ode littéraire mêlée de cor des Alpes, ce spectacle-concert drôle et sinistre a été créé vendredi dernier dans la salle la plus appropriée de La Chaux-de-Fonds. En effet, le Temple allemand vétuste et décrépi semble, lui aussi, sur le point de disparaître, délaissé par les hommes et le ciel.

Poétique, rythmée, traversée de pointes moqueuses à l'égard des touristes étrangers et des profiteurs locaux, «Désalpe» est une litanie, une liste de plaintes répétitives et de regrets déclinés par trois montagnardes en exil. Immobiles et monocordes, ces dernières semblent à demi-mortes; déjà séparée d'elles, leur âme est passée dans la musique émotive et vibrante des cors des Alpes.

Cependant, ces instruments suisses s'écartent du ronflant folklore. Tantôt, des notes graves, fortes et chargées évoquent une marche funèbre à l'orgue. Tantôt, des notes piquées et des dissonances aiguës prennent les accents d'un jazz plus joyeux. Les compositions du quatuor Dacor et le texte de Jaccoud sont pensés ensemble et s'enchevêtrent harmonieusement, comme une fondue moitié-moitié. Seule la mise en scène, fade ou facile, dessert souvent cette fine cuisine artistique.

La Chaux-de-Fonds: Temple allemand, encore à l'affiche jusqu'au 26 juin; je-ve 20h30, sa-di 19 heures.

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