Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Comme les sorcières des Walpurgis

Pour le critique, deux moyens de «fuir» devant le dernier film de Lars von Trier: interroger longuement Charlotte Gainsbourg pour éviter de parler du film ou hurler au scandale pour quatre scènes avant de parler de leur «médiocrité»! Empoignons le film.

08 juil. 2009, 10:40

Charlotte Gainsbourg, dans un rôle difficile par ses excès et ses exhibitions, est tout simplement splendide. Le prix d'interprétation obtenu à Cannes est mérité. Son partenaire Willem Dafoe aurait tout aussi bien pu être récompensé. On peut mal supporter une excision, une meule sur son axe plantée dans une jambe, une masturbation de femme ou d'homme: cela ne suffit pas pour accuser Lars von Trier de médiocrité ou de misogynie.

«Antichrist», avec deux «i» et un étrange «t» final, est un film imposant. Alors que l'épouse (CG) et son mari psychiatre (WD) font l'amour sous la douche, leur enfant quitte sa chambre, ouvre une fenêtre et tombe dans le vide. Elle se sent responsable de cette mort. Son mari tente, en professionnel, mais maladroitement, de l'aider à s'en sortir. Il parvient à lui faire dire en quel lieu elle se sent le plus mal: à l'Eden, leur chalet dans une dense forêt! Ils s'y rendront comme en pèlerinage.

A la douleur vont s'ajouter le deuil puis le désespoir, titre de trois chapitres placés entre prologue et épilogue partiellement ressemblants.

Une clef esthétique aide peut-être à «lire» ce film: le travail sur la couleur, avec le bleu qui va rester constamment inquiétant, bleu de la nuit, bleu d'un bouquet de fleurs, bleu des habits portés par l'un et l'autre. Le vert de la nature d'une dense forêt vouée au sabbat de sorcières mentales l'accompagnera, analysé du reste lors d'un dialogue. Un manteau jaune, un feu orangé, une lumière blanche, le rouge du sang compléteront cette palette en signes révélateurs,

Le premier degré du récit est fait d'images normales de précision photographique. Aux ralentis et dans une sorte de halo de surexposition apparaît l'imaginaire des personnages ou celui du cinéaste. Cette déréalisation hypothétique permet peut-être d'accepter les plus insupportables événements.

Mais le plus dur pourrait bien être la mort accidentelle d'un enfant qui fait sombrer sa mère, racontée par un poète hanté par la provocation qui cherche son aboutissement dans l'horreur surréaliste! /FYL

Réalisateur: Lars von Trier
Genre: Thriller
Durée: 104 minutes
Age: 18 ans
Avec: Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe.
Cinémas: Apollo, Neuchâtel; Scala, La Chaux-de-Fonds

Votre publicité ici avec IMPACT_medias