Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Combattre la maladie: un hymne à la vie!

14 sept. 2011, 11:18

Parents à la ville d'un petit garçon atteint d'un cancer, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont transposé à l'écran leur combat effréné contre la maladie de leur enfant. Présenté au Festival de Cannes 2011, «La guerre est déclarée» est un film électrisant de vitalité. Rencontre.

Valérie Donzelli, comment êtes-vous devenue actrice, puis réalisatrice?

C'est arrivé très tard dans ma vie, par ma rencontre avec Jérémie Elkaïm, il y a quinze ans. Il m'a initiée au cinéma. J'ai fait des études d'architecture avant de découvrir que j'avais davantage envie d'être actrice qu'architecte. En m'incitant à écrire mes propres films, Jérémie a débloqué quelque chose. Sans lui, je n'aurais peut-être jamais fait de cinéma.

La maladie de votre enfant vous a changée.

Cela a transformé mon rapport au temps et à la vie. Avant une épreuve, on est dans la précipitation. Dans une situation comme celle-là, le temps s'arrête. On accepte plus facilement de subir, d'être dans l'endurance, de ne pas se projeter dans l'avenir, de tenir le coup, de maintenir le cap, de gravir des montagnes. Ça rend plus humble aussi.

Malgré la situation dramatique, vous instillez une étonnante vitalité dans votre film!

Jérémie Elkaïm: Comme spectateurs, nous aimons sortir d'un film porté par un élan. C'est une idée du cinéma que nous partageons avec Valérie. Nous avions peur de la complaisance, du pathos, de la prise du spectateur en otage. Valérie a cherché à prendre de la distance, à trouver le bon angle pour raconter cette histoire.

Valérie Donzelli: En écrivant le scénario, énormément de films me viennent à l'esprit. J'ai déjà la sensation de voir ce que ça peut devenir. Pour autant, je ne peux pas prévoir la dimension émotionnelle. J'imaginais que le film serait plus léger encore. Ce que donnent les acteurs, les situations, le montage, la musique, fait que le film renaît et nous dépasse un peu. On cherche à maîtriser, mais le film est toujours plus fort que nous. Par exemple, je ne me suis pas rendu compte au montage que certaines scènes ne fonctionnaient pas. C'est plutôt une question de dosage, difficile à expliquer. La comédie me plaît, car elle permet de retrouver une forme de pudeur. Grâce à ce petit recul, on peut traiter tous les sujets.

Comment décririez-vous le travail de Valérie?

J. E.: Il y a quelque chose de très impressionnant dans la façon de travailler de Valérie: les solutions dramaturgiques peuvent venir de n'importe où! D'un accessoire, d'un décor, d'un événement, d'une idée plaquée arbitrairement, comme de la musique. Elle bouillonne d'idées et s'inspire de tout, de manière décomplexée, sans peur du ridicule ou de l'échec. Sur les tournages de Valérie, il n'y a aucun cérémonial, aucune solennité. Elle s'entoure de gens auxquels elle croit et s'engage dans quelque chose de très libéré. Pour prendre un exemple très simple, on tenait beaucoup à ce que les fêtes de «La guerre est déclarée» ressemblent à de vraies fêtes...

Tout a été fait pour que ce soit plus incarné que ces fêtes de cinéma un peu toc, dans lesquelles des figurants sont invités à faire semblant de danser et de s'amuser, tout en parlant très fort alors qu'il n'y a aucune musique sur le tournage. Du coup, on a vraiment fait la fête.

On est, je cite «une génération d'enfants gâtés, pas préparés à la guerre»?

V. D.: Je pense aux générations des 20-30 ans, nés à partir des années 1970.

J. E.: Nous vivons à une époque marquée par la dictature du bonheur, une tyrannie du «cool». C'est la course-poursuite à l'épanouissement personnel. On manque d'idéaux, politiques ou autres. On essaie de mettre à distance tout ce qui s'apparente au malheur, avec juste une petite pensée pour la planète de temps à autre. En Occident, cela donne une génération chouchoutée, qui reste dans l'insouciance. Quand la vie nous administre une tarte, on n'y est pas préparé.

De Valérie Donzelli, avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Gabriel Elkaïm...

Votre publicité ici avec IMPACT_medias