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Cherche relève désespérément

14 sept. 2011, 11:22

Ses dernières prestations à l'Olympia, au début du mois, ont marqué la fin d'un demi-siècle de présence sur les planches. En se retirant avant d'être trop âgé pour monter sur scène, Eddy Mitchell, 69 ans, a reconnu implicitement qu'il risque de n'être bientôt plus capable d'être à son meilleur niveau. De dix-huit ans plus âgé, Charles Aznavour, qui se produit jusqu'au 6 octobre dans le temple du music-hall parisien, ne s'encombre pas de tels états d'âme. A 87 ans, il a montré qu'il était encore capable de donner d'excellents concerts, et que ses facultés n'étaient nullement diminuées.

Aznavour et Johnny

La plupart des chanteurs qui tiennent le haut du pavé et remplissent les salles sont des baby-boomeurs, nés dans l'immédiat après-guerre. Et si aucun autre n'a formellement annoncé son intention de quitter l'arène - Johnny Hallyday repousse l'échéance, après avoir assuré vouloir arrêter -, la décennie qui vient sera marquée par la retraite des grandes vedettes de la chanson. Avec des conséquences problématiques pour les professionnels du spectacle vivant (tourneurs, patrons de salle, accompagnateurs).

Si un artiste qui a pris sa retraite continue de générer des profits à sa maison de disques longtemps après avoir gravé ses albums, il n'assure en revanche plus aucune rentrée d'argent à l'organisateur de ses tournées.

L'ère des clones

L'essor des groupes hommages, qui reprennent à la note près les répertoires des Beatles, Pink Floyd et autres, permet aux nostalgiques d'entendre les chansons jouées à la manière de, mais cette tendance demeure minoritaire: on n'imagine pas voir surgir des clones en pagaille pour sillonner les routes.

D'Alain Souchon à Eric Clapton, de Julien Clerc aux Rolling Stones, de Francis Cabrel à Paul McCartney, tous ces sexagénaires ont émergé à une époque qui favorisait le développement de carrière. Soutien des labels, appui des radios, renfort des émissions de télévision: ils ont pu mûrir patiemment avant de s'imposer, puis consolider leur notoriété. Avant de devenir la référence qu'il était devenu bien avant sa mort, Alain Bashung avait ainsi attendu le succès pendant quinze ans, entre la signature de son premier contrat et le tube «Gaby oh! Gaby». Dans le contexte actuel, à la fois plus concurrentiel et moins lucratif, aucun producteur ne saurait supporter un tel investissement à perte.

Les baby-boomeurs s'accrochent

Si relève il y a, elle ne s'est pas manifestée avec autant de retentissement que la génération en place. La musique française compte pourtant de brillants quadragénaires: Thomas Fersen, Dominique A, Christophe Miossec ou Arthur H. Pourtant, aucun d'entre eux n'a encore rempli Bercy. On aimerait que ces chanteurs, aux parcours amorcés il y a vingt ans, soient considérés autrement que comme des talents prometteurs. Malheureusement, la majorité ne les connaît pas encore, et le manque de relais médiatique se fait cruellement ressentir.

Une fois que les dieux du stade que sont Bruce Springsteen, les Rolling Stones et autres poids lourds auront raccroché les guitares, qui comblera le vide? En dehors de Depeche Mode et U2, à peine plus jeune, qui pour reprendre la flamme? On doute que des phénomènes ponctuels comme Black Eyed Peas ou Muse au Stade de France soient pérennes jusqu'en 2045, mais qui sait?

On veut des valeurs sûres

L'attachement du public à des valeurs sûres a atteint son acmé ces dernières années. L'amateur de musique préfère consacrer son budget concerts à deux ou trois superstars (aux tarifs compris entre 100 et 200 euros) plutôt que de miser sur de jeunes groupes plus accessibles, condamnant ces derniers à stagner.

En musique, comme en politique ou dans le monde des affaires, les baby-boomeurs s'accrochent et peinent à accepter qu'ils deviennent vieux à leur tour.

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