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Au Honduras, une bourgeoise hystérique

24 janv. 2011, 08:00

Après nous avoir régalés avec «Le dégoût» et «Déraison», deux romans corrosifs à la prose hallucinée où le drame perce sous le rire, Horacio Castellanos Moya revient avec «Effondrement». Dans ce livre, l'auteur qui est né au Honduras mais a vécu essentiellement au Salvador, fait le portrait réjouissant d'une bourgeoise hondurienne insupportable.

Il commence par une scène hautement théâtrale où doña Lena veut empêcher à tout prix son mari d'aller au mariage de leur fille Teti qui épouse un Salvadorien plus âgé que sa mère soupçonne de communisme. Non contente de ne pas assister à l'union de Teti, elle prétend aussi garder auprès d'elle son petit-fils, mais sa fille parvient malgré tout à récupérer son garçon et s'installe au Salvador avec son mari.

Commence alors une deuxième partie un peu longuette et nettement moins drôle, faite de la correspondance entre Teti et son père qui ont conservé une excellente relation. On y voit la jeune femme commencer à se rendre compte de l'hystérie de sa mère et à se dégager de son emprise. Parallèlement, ils s'inquiètent tous deux de la tension qui commence à monter entre le Salvador et le Honduras, une tension qui finit par se transformer en guerre déclenchée par un match de football. Puis quelques années et une paix plus tard, Clemen, le mari de Teti, est assassiné dans des circonstances troubles, et le Salvador subit un putsch.

La dernière partie, racontée par Mateo, le fidèle jardinier de doña Lena, montre à quel point cette femme devenue âgée s'était isolée par son attitude tyrannique et aigrie. Une très légère ironie traverse le récit de ce personnage naïf, parce que, tout à son attachement pour sa patronne, il ne peut pas imaginer que sa fille et ses petits-fils ne lui rendaient jamais visite tout simplement pour ne pas subir sa méchanceté.

En bref, le portrait contrasté d'une riche Hondurienne, d'abord mordant puis nostalgique, et le récit de son effondrement.

«Effondrement», Horacio Castellano Moya, traduit de l'espagnol par André Gabastou, éd. Les Allusifs

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