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Astérix, roi du marketing

Astérix fête son cinquantième anniversaire avec un 34e album péniblement mené à bien par Uderzo qui semble, cependant, avoir enfin compris qu'il n'était plus nécessaire d'essayer de faire du sous-Goscinny pour vendre ses albums.

31 oct. 2009, 08:51

Aujourd'hui même se tient à Paris le premier colloque universitaire international consacré aux aventures de l'illustre petit Gaulois. On nous a même promis de ressusciter le journal «Pilote» pour l'occasion. Mais on ne peut pas dire que le nouvel album d'Astérix est une bonne surprise, puisqu'il n'est pas humainement possible de faire pire que le précédent, «Le ciel lui tombe sur la tête», cette consternante histoire de Nagmas (anagramme de Mangas) battus par un Tadsylwien (anagramme de Walt Disney). Au vrai, avoir vaincu tant de Romains pour se retrouver valet de l'impérialisme américain, comment imaginer pire trahison de l'univers astérixien?

La bonne idée qu'a eue Uderzo avec «L'anniversaire d'Astérix. Le livre d'or», c'est qu'il ne fait même plus semblant de tenter de nous raconter une histoire. Prenant acte de ce que la notoriété de son héros est universelle, il se livre à des variations sur sa célébrité, gâchant joyeusement quelques pages à essayer de se représenter ce que seraient les habitants du village gaulois avec cinquante ans de plus, puis faisant défiler une galerie d'anciens personnages rivalisant de flagornerie pour mettre en valeur la gloire astérixienne.

Quelques sourires naissent à la vue d'un journal à scandale racontant les derniers potins antiques, d'un «observateur romain» venu pour le compte de César, d'une carte postale de Numérobis montrant ses nouvelles et assez spéciales pyramides, d'une galerie de tableaux présentant entre autres un Astérix peint par Arcimboldo et une Cléopâtre par Manet, qui nous montrent qu'à défaut de réelle inspiration, Uderzo sait encore dessiner en virtuose.

Deux pénibles préfaces, l'une soi-disant d'Astérix, donc d'Uderzo, l'autre d'Anne Goscinny (bonne nouvelle: on les disait brouillés!), s'appliquent à nous persuader qu'Uderzo a réussi, malgré les mauvaises langues, à continuer la série. Nous n'en disconviendrons pas, et assurément les albums d'Uderzo sont suffisamment rares (un tous les trois ou quatre ans) pour qu'on les oublie au moment d'acheter quand même le suivant, ce qui, évidemment, dope les ventes. Mais ce que montre exemplairement «L'anniversaire d'Astérix», c'est que les dernières aventures du petit Gaulois sont définitivement sorties du domaine de l'art pour entrer dans celui du pur marchandising. /ACO

«L'anniversaire d'Astérix. Le livre d'or», Albert Uderzo (scénario et dessin), éd. Albert René, 2009

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