Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Ah que la montagne est belle!

16 mars 2011, 11:39

Boudé par les membres de l'Académie des Quartz, où il concourait dans les catégories du «Meilleur film de fiction» et de la «Meilleure musique de film», le troisième long métrage de Michael Steiner aurait mérité un meilleur sort. Avec un soupçon de provocation, j'aurais aimé voir récompenser les outrances risquées du premier film gore de l'histoire du cinéma suisse, même si l'adoubement de «La petite chambre» est une bonne nouvelle pour le cinéma romand! Voilà quelques années, le réalisateur de «Je m'appelle Eugen» (2005) et «Grounding» (2006) a passé pour le Steven Spielberg helvétique. Il est vrai que le jeune réalisateur alémanique n'a pas craint d'investir le cinéma de genre, une stratégie d'auteur assez rare en Suisse pour être saluée, que l'on aime ou pas les effets sanguinolents.

Loin d'emprunter à un argument de très bas étage, «Sennentuntschi» transpose à l'écran une vieille légende alpine déjà adaptée au théâtre en 1972 par le dramaturge Hansjörg Schneider, dont le propos passionnant mais fort peu pittoresque avait alors fait scandale.

Animés par des pulsions sexuelles irrépressibles, trois gardiens d'alpage confectionnent une poupée pour satisfaire leurs appétits charnels décuplés par l'absence prolongée de femmes. Fabriquée avec une simple bouteille de vin, une fourche, du fromage et quelques jolis brins de paille, la malheureuse est victime de leurs assauts répétés. Indigne, ce traitement a le don de lui faire prendre vie, en lui prêtant les traits harmonieux de l'actrice Roxane Mesquida. Souillée, la jeune femme va alors vouloir se venger de très plaisante manière, du moins aux yeux des amateurs du genre, et sans aucun égard pour le pourtant séduisant Carlos Leal…

Steiner a toujours pratiqué un cinéma nourri de référence, truffant notamment «Je m'appelle Eugen» d'hommages au burlesque. Dans «Sennentuntschi», le cinéaste zurichois persiste en torturant de façon assez jouissive les clichés liés au «heimatfilm», faisant mentir le refrain de la célèbre chanson de Jean Ferrat. Cet écorchage a eu de nombreux adeptes en Suisse alémanique (près de 140 000 à ce jour), ce qui est somme toute assez remarquable pour une production horrifique! Mais qu'en sera-t-il en Suisse romande? /vad


Réalisateur:
Michael Steiner
Genre: drame
Durée: 1h50
Age: 16 ans
Avec: Carlos Leal, Roxane Mesquida
Cinéma: Apollo 3, Neuchâtel

Votre publicité ici avec IMPACT_medias