Distance et durée, espace et temps sont au coeur de l'exposition qui vient de s'ouvrir dans l'Espace culturel de la tour OFS (Office fédéral de la statistique), à Neuchâtel. Intitulée «Le monde à son image», elle montre comment l'homme a représenté - et s'est représenté - l'espace au fil des siècles. D'un premier abord un peu difficile, elle se révèle passionnante dès qu'on se plonge dans l'un ou l'autre des «postes» proposés. Il faut dire que le thème réunit un nombre impressionnant de disciplines: géographie, histoire, archéologie, histoire de l'art, philosophie, mathématiques, physique, astronomie, informatique, etc.
Les concepteurs de l'exposition ont choisi de conjuguer 23 fois l'espace, si l'on peut dire. Sous «exploiter», par exemple, on voit une photo des cartes de l'empire romain que Benito Mussolini avait fait réaliser pour légitimer les ambitions nationalistes des fascistes italiens (ces cartes, en pierre, sont toujours visibles à Rome, près du Forum). A l'enseigne de «cartographier», l'exposition propose deux reproductions de cartes anciennes, mais aussi des images montrant les Terra cognita (terres connues) par les Méditerranéens, de l'Antiquité au 17e siècle.
Avec «conquérir l'espace», c'est la problématique de la frontière qui est évoquée, frontière parfois concrétisée de manière monumentale (muraille de Chine, mur de Berlin, mur d'Israël). L'évolution urbanistique d'Umm el Madayan, ville d'Afrique du Nord, est quant à elle utilisée pour «imaginer l'espace». Et pour cause: elle n'a jamais existé! Cette cité fait l'objet d'un ouvrage collectif paru en 1993.
Principal concepteur de l'exposition, l'archéologue Samuel Crettenand résume: «Derrière une représentation de l'espace, il y a toujours une volonté, qu'elle soit militaire, politique, économique ou sociale.» / PHO
Neuchâtel, Espace culturel de la tour OFS, du mardi au dimanche de 12h à 18h, le lundi sur rendez-vous, jusqu?au 28 août