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Un poisson très «humain» qui tient à sa réputation

24 juin 2011, 11:13

Gourmand, lâche, tricheur, époux violent, le poisson nettoyeur ou Labroide dimidiatus n'a rien du gendre idéal. Pour couronner le marché, Monsieur Poiscaille serait très à cheval sur sa réputation. Depuis quelques années, ce minuscule poisson, cher au cœur des chercheurs du laboratoire d'éco-éthologie de l'Université de Neuchâtel, ne cesse de surprendre par son caractère aux traits si «humains». Alors que dans nos rues il aurait tout de la petite frappe, dans les aquariums des scientifiques, ce gourmand petit poisson gagne sans conteste en prestige.

Doctorante auprès de l'éco-éthologue Redouan Bshary, Ana Pinto vient ainsi de publier dans la revue «Current Biologie» quelques nouvelles lignes à intégrer au curriculum de la bestiole. La chercheuse démontre que la tricherie - l'animal aurait tendance à croquer le mucus de ses clients de poisson plutôt de bichonner leur cuirasse - diminue sensiblement du moment qu'il se sent observé. Pas par n'importe qui s'entend. Mais par l'un de ses nombreux clients potentiels. Car le poisson ne chôme pas, il peut assurer jusqu'à 2000 interventions par jour, note Redouan Bshary. Une bénédiction pour les chercheurs qui souhaitent soumettre leur théorie à la réalité du terrain. «C'est vraiment la première fois qu'une étude atteste l'existence de la notion de "prestige social" ou de "réputation" chez un animal», détaille Ana Pinto. «Car l'existence de cette notion n'a même pas pu encore être prouvée chez des animaux supérieurs comme les primates.»

«Cela serait bien plus complexe de mettre ce type d'expérience en place avec des chimpanzés», ajoute Redouan Bshari. «Ils pourraient devenir agressifs par exemple, leur comportement est bien moins prévisible.» L'éco-éthologue souligne toutefois que ce n'est pas parce que l'on n'a pas encore démontré que les chimpanzés étaient soucieux de leur réputation qu'ils ne le sont pas.

Quant au labre nettoyeur, le prochain trait de son caractère «humain» à être dévoilé pourrait bien être son esprit marchand. En effet, plus les clients potentiels à l'observer sont intéressants gustativement parlant, ou du moins en quantité de mucus à fournir, plus le petit poisson s'appliquerait. Sans parler de mimétisme avec l'humain, le comportement de la petite bête aurait eu de quoi faire vaciller les certitudes d'un certain Jean-Jacques. Culotté sera sans conteste celui qui osera accuser la société d'avoir corrompu le gentil petit poisson.

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