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Un festival au secours du photojournalisme

A Perpignan, le photojournalisme fait campagne contre les retouches et autres dérives. Zoom sur le festival Visa pour l'image.

28 août 2010, 09:43

Visa pour l'image, principal rendez-vous international du photojournalisme à Perpignan, milite cette année sur le terrain de l'éthique. Dans la ligne de mire: la tentation de faire usage des techniques de plus en plus accessibles de retouches de photos.

Dans un climat de crise de la presse, qui investit de moins en moins dans les grands photoreportages, la 22e édition de Visa pour l'image présente 27 expositions publiques et gratuites, diverses rencontres et débats entre professionnels. L'événement se déroule du 28 août au 12 septembre.

Outre des reportages d'actualité (tremblement de terre en Haïti, violences en Thaïlande), le festival a sélectionné des thématiques comme les violences contre les femmes en Inde, les immigrés clandestins cherchant à gagner la Grande-Bretagne de Calais, les pèlerinages religieux ou la polygamie aux Etats-Unis.

L'édition 2010 fait la part belle aux jeunes. Parmi eux, Munem Wasif et une sélection de photos «Nous avons la foi en Dieu» illustrent les différentes expressions de l'islam, chez lui au Bangladesh. A Perpignan, Jean-François Leroy, directeur-fondateur de Visa pour l'image, dispense ses coups de gueule habituels et pointe les dérapages de la profession. Le festival n'est pas le gardien du «bon goût photographique», dit-il, mais les photographes ne devraient pas «se laisser entraîner dans le piège de l'esthétisation de la photo» avec les logiciels de retouche d'image comme photoshop.

Cela ne garantit pas l'absence de retouches dans les expos de Visa pour l'image, mais des travaux de certains photographes ont été écartés de la sélection 2010. «On est dans une spirale, je ne voudrais pas que cela nous dépasse», avertit Jean-François Leroy.

Le directeur de Visa pour l'image s'en prend aussi à la hiérarchisation actuelle de l'information, au choix des médias de ne plus investir dans des reportages au Darfour ou en Tchétchénie. Sur les 4000 dossiers qu'il a épluchés pour le festival 2010, il dit avoir cherché en vain un sujet sur l'Irak, pourtant à la une de l'actualité depuis près de huit ans. Il est vrai que ce type de reportage coûte environ 1000 euros par jour entre la location de voiture, l'escorte, l'interprète et l'hôtel. Visa pour l'image, c'est aussi plus de 160 000 euros de prix (plus de 200 000 francs), des chèques qui, en période de crise, arrivent comme des bouffées d'oxygène pour de nombreux photographes. Les agences traditionnelles ferment les unes après les autres, les collectifs vacillent, la profession de photojournaliste est en danger et il faut inventer «un autre modèle économique», suggère Jean-Paul Griolet, président de l'association Visa pour l'image. /APE-afp

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