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Tempérament tropical, humeur volcanique

23 sept. 2011, 10:24

«Vous serez déçu si vous cherchez ici les plages blondes de notre voisine mauricienne. Hormis quelques sites de la côte ouest, nous ne sommes pas une destination chaise longue!»

D'emblée, Raphaël Folio donne le ton dans sa propriété de Hell-Bourg, véritable concentré de culture réunionnaise. Et de préciser que son île n'est pas fille facile: elle ne se livre ni au premier coup d'œil, ni à la première conversation. Elle n'offre pas un visage, mais cent. Elle n'héberge pas un peuple, mais une véritable fusion ethnique. Tout aussi foisonnant, le jardin de ce descendant d'aristocrates terriens: allées dallées où s'exhalent de capiteuses senteurs.

«Venez voir la maison, bâtie en bois imputrescible, pour résister aux cyclones et termites!», invite notre météorologue retraité. A l'arrière de la demeure décorée de lambrequins et motifs géométriques, trois petits pavillons abritaient autrefois la cour créole. Le vieil homme y a rassemblé sa collection d'objets usuels. «Ce serait bien dommage que tout cela se perde, n'est-ce pas?», conclut-il en lançant un clin d'œil entendu à son fils.

Réunion au sommet

Cilaos, Mafate ou Salazie, ces cirques-là n'engagent ni trapézistes, ni funambules. Leurs à-pics n'en sont pas moins vertigineux pour ceux qui s'y suspendent à des fils d'araignées.

«Escalade, VTT, rafting, parapente: toutes les sensations fortes peuvent s'éprouver ici!» commente Sylvain en pilotant l'hélico dans les points de faiblesse du couvert nuageux. Les pâles frôlent d'étroits couloirs moussus, des pans entiers de falaises couvertes de lichens. L'engin et ses passagers tressaillent au passage de remparts dévoilant des perspectives tantôt lunaires, tantôt luxuriantes, véritable cocktail d'austérité minérale et de végétation dominée par le volcan.

Tandis que nos survolons la grande cascade du Trou-de-Fer, le pilote rassure: «Aucune faune ou flore dangereuse ne peuple ces territoires verdoyants». Le vert, à La Réunion, c'est un peu comme l'eau ou la lave. Il dégouline des montagnes, s'insinue dans les interstices de terre, s'emballe dans les ravines jusqu'à l'océan et invite les marcheurs à profiter activement d'une nature exceptionnelle.

Pour le prix d'une nuitée dans un hôtel haut de gamme, le survol de l'île s'impose comme la meilleure façon d'en appréhender les tumultueux reliefs, avant d'aller les explorer au niveau des fougères.

Rhum et marrons

Clovis, guide érudit, raconte la triste histoire des marrons, ses lointains ancêtres malgaches, fuyant l'esclavage des plantations du XVIIIe siècle pour se réfugier sur les hauts. Il évoque un certain Mussard de sinistre mémoire, mandaté par les autorités pour les y débusquer. Une récompense lui était versée pour chaque main ou oreille rapportée en guise de preuve.

Suivant la piste des chasseurs de prime, nous voilà partis pour rejoindre La Nouvelle, minuscule îlet (hameau) qu'aucune route ne relie au bas. C'est donc à pied qu'il faudra traverser l'un des plus étonnants écosystèmes réunionnais, ponctué de plantes grasses et arbustes torturés, souvent couverts de barbes de capucin. Quatre heures de marche sur ce plateau vomi de l'Océan Indien il y a trois millions d'années.

Coupés du monde, 700 habitants peuplent la petite capitale de Mafate, dans une simplicité spartiate, proche de l'autarcie. «Il faut être né ici pour y vivre», reconnaît André Bègue, propriétaire d'un gîte où l'on vous sert la traditionnelle salade de palmistes (cœurs de palmiers) et le poulet agrémenté de riz aux lentilles. Coquet, le village semble blotti au fond d'un chaudron, ceinturé par d'immenses murailles rouges, soleil couchant. Il bénéficie cependant d'une situation en belvédère, paradoxe lui conférant un curieux sentiment de plénitude.

«On est loin du monde, mais c'est le monde qui vient à nous, grâce aux randonneurs de tous pays!», conclut Dédé en se versant un verre de rhum arrangé à l'orchidée fahame.

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