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Ruée vers l'architecture moderne

Du Parthénon au Colisée, de la tour Eiffel à Big Ben, du pont du Golden Gate à la statue de la Liberté, l'histoire du tourisme est ponctuée de repères emblématiques. Assoiffés de prestige, monarques et urbanistes perpétuent contre vent et marées cette tradition de constructions spectaculaires. Bernard Pichon l'a vérifié dans quelques métropoles du 21e siècle.

18 août 2009, 10:27

Une rose métallique éclatée? Un cuirassé dessiné sous hallucinogènes? Non, simplement le magistral musée Guggenheim de Bilbao, archétype de la radicale transformation des mornes espaces industriels. Bien sûr, le mutant architectural de Frank Gehry a été critiqué lors de sa conception. Mais, douze ans plus tard, qui lui contesterait son statut de symbole de la capitale basque?

Flashées par cette icône ibérique, d'autres cités espagnoles se sont réveillées sous la baguette magique de pointures aussi vénérées que Norman Foster, Felix Candela et autre Santiago Calatrava, créateurs - à Valence - de la surréaliste Cité des arts et des sciences, érigée sur 350 000 m2 d'alluvions.

«Ce projet a coûté plus de 400 millions d'euros, mais il a déjà généré 4000 emplois directs et indirects, ainsi qu' une augmentation annuelle de 10% de la fréquentation touristique!», proclament les autorités municipales.

Même son de cloche à la mairie d'Hambourg: «Sydney a bien son opéra. Il manquait à notre zone portuaire - déjà rassembleuse par nature - une figure de proue universellement reconnue». Déjà honoré aux quatre coins du monde, le tandem bâlois Herzog & de Meuron (auteurs, entre autres, de la Tate Modern londonienne, de l'Allianz Arena munichoise et du stade olympique de Pékin) devait rapidement imposer un concept budgété à plus de 110 millions de nos francs. A ce tarif, les Hambourgeois inaugureront l'an prochain leur Elbphilarmonie, aux allures de vaisseau spatial réunissant un forum populaire, un palace exclusif, des appartements high-tech et un vaste auditorium circulaire.

Pour découvrir plus décoiffant encore, il suffit de grimper sur le Singapore Flyer, qui est à la mégapole asiatique ce que le London Eye est à la capitale britannique: une grande roue surdimensionnée, dressée vers les nuages.

Edifié sur les berges mêmes de la marina, ce poste d'observation offre une vue imprenable sur le chantier du siècle (570 000 m2, soit six terrains de football), regroupant bientôt centres commerciaux, musée de la science, patinoire, théâtres, casino et restaurants. L'idée la plus novatrice de cet ambitieux complexe consiste à relier les sommets de trois gratte-ciel par un aérien ruban de verdure. On se demande si tant d'audace vaudra à Singapour de rejoindre l'antique Babylone et ses jardins suspendus au palmarès des merveilles du monde!

Damant le pion à sa rivale Dubaï - souvent critiquée pour ses carences culturelles -, Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, semble déterminée à miser sur des attractions touristiques plus roboratives pour l'esprit. N'a-t-elle pas déjà donné le ton avec la récente inauguration d'une Grande Mosquée si imposante que certains critiques provocateurs l'ont taxée de Vatican islamique? La voici qui expose les maquettes de ses futurs musées, dessinés par les stars de l'architecture contemporaine Frank Gehry (encore lui), Tadao Ando, Jean Nouvel, Zaha Hadid.

De telles perspectives sont-elles bien réalistes dans un contexte économique frappant déjà durement le voisinage immédiat? Et si l'émergence de nouveaux paradigmes rendait obsolètes ces projections de science-fiction, avant même leur concrétisation? /BPI

Journaliste globe-trotter, Bernard Pichon nous propose ses balades thématiques durant l'été.

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