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Quand les chiens détecteurs crient «Au loup!»

Les chiens détecteurs d'explosifs ou de stupéfiants sont-ils fiables? Ou peuvent-ils se laisser corrompre par… leur maître! Juste pour lui faire plaisir…

25 févr. 2011, 12:04

D'aucuns imaginent remplacer les chiens détecteurs par des dispositifs pleins de puces - électroniques donc. Promesse de «bugs»? Ironie: les chiens spécialisés n'en seraient pas exempts eux-mêmes, selon une récente expérience menée à l'Université de Californie.

La Dr Lisa Lit, ancienne maîtresse-chien, a mis à contribution 18 maîtres-chiens de services officiels ayant jusqu'à 18 ans d'expérience, flanqués de leurs chiens forts de 2 à 7 ans de pratique en détection d'explosifs, drogue ou les deux: des labradors, bergers malinois, allemands ou hollandais, 14 mâles et 4 femelles dressés à alerter sur une odeur suspecte en s'asseyant, en se couchant ou en aboyant.

L'expérience s'est déroulée dans une église, choisie parce qu'au passé présumé vierge d'explosifs ou de stupéfiants - à cet égard pourquoi pas un labo? Quatre «pièces» à sécuriser y ont été apprêtées par introduction d'odeurs. Les maîtres-chiens ont été informés que chaque pièce pouvait comporter 0 à 3 odeurs, et que dans deux des pièces, du papier rouge désignait un lieu aux relents de bombe ou de psychotrope. En réalité, nulle odeur suspecte dans ces deux pièces: dans l'une pas d'odeur du tout, et dans l'autre juste le fumet de saucisses et de balles de tennis usagées. Et dans les deux pièces sans marque rouge, les mêmes odeurs anodines dans l'une, et rien dans l'autre!

Bien qu'aucune odeur d'explosif ou de drogue n'était en réalité à capter, les chiens ont donné l'alarme plus de 200 fois au cours des visites - pour chaque pièce, inspection de deux fois cinq minutes avec un intervalle. Les alarmes sont survenues surtout dans les pièces avec cette marque rouge dont les maîtres-chiens avaient été induits à croire qu'elle pointait une odeur suspecte.

«Ce n'est donc pas un problème de sensibilité du chien ou de qualité d'entraînement, juste de communication passive du maître à l'animal», conclut Lisa Lit. Les performances sont affectées par des interférences visuelles ou vocales subtiles de la part du maître qui rappellent les signaux involontaires - mimiques, souffles, raidissements… - par lesquels, début XXe, le cheval «Hans le Malin», prétendu calculateur, devinait qu'il avait frappé le bon nombre de coups de sabot en réponse aux calculs qu'on lui soumettait. Le maître-chien informe ainsi son animal sans le vouloir qu'il doit, qu'il va dénicher quelque chose!

Prochaine étape pour Lisa Lit: débusquer via vidéo ces signaux parasites que le chien utilise pour remplir, plutôt que sa mission, son maître de joie, ou du moins le croit-il… /JLR

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