Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Quand le monde découvrit le «grunge»

26 sept. 2011, 11:53

Fin septembre 1991, un bébé à la poursuite d'un dollar au fond d'une piscine bouleverse le monde du rock. En quelques mois, «Nevermind» de Nirvana va devenir la bande-son d'une génération et plonger son concepteur Kurt Cobain dans un tourbillon dont il ne ressortira pas.

A l'occasion du 20e anniversaire de la sortie de l'album phare du groupe américain, «Nevermind» (Universal) est réédité aujourd'hui en version remasterisée, accompagnée évidemment de bonus et d'inédits.

Parmi les plus intéressants, des démos «pré-Nevermind» enregistrées dans les Smart Studios du producteur Butch Vig. Réalisées avec Chad Channing à la batterie, elles permettent de mesurer l'apport décisif que représentera l'arrivée de Dave Grohl derrière les fûts au moment l'enregistrement de «Nevermind».

Autre pépite, les «Devonshire Mixes», soit la version de l'album tel qu'il avait été originellement mixé par le producteur Butch Vig, dont le travail a été une des pièces maîtresses dans la création de «Nevermind».

Le coffret comprend aussi un concert filmé à Los Angeles le soir d'Halloween, un mois seulement après la sortie de «Nevermind». Un dernier moment d'insouciance avant que Nirvana ne réalise qu'il va briser les barrières étanches entre le rock indépendant et le grand public.

Découverte du grunge

Lorsque le disque paraît, Nirvana n'est qu'un petit groupe de la mouvance punk-rock. Son premier album «Bleach», publié sur le label indépendant Sub Pop, est resté confidentiel. Le monde du rock est alors dominé par le «hair metal», avec ses musiciens aux cheveux permanentés, ses longs solos de guitares et des stars comme Guns N'Roses.

Le nouveau label du groupe, la major Geffen, est la première surprise par le succès fulgurant de «Nevermind», porté par la diffusion en boucle du clip de «Smells like teen spirit» sur MTV.

Alors que 40 000 exemplaires avaient été initialement pressés, un million de copies s'écoulent en six semaines. La maison de disques est même obligée de retarder d'autres sorties pour que ses usines puissent faire face à la demande. Au total, l'album se vendra à 30 millions d'exemplaires.

En quelques mois, le monde entier découvre le mot «grunge». Les adolescents se mettent à porter cheveux filasses et chemises de bûcherons et rêvent de Seattle, la capitale de l'Etat de Washington, berceau du mouvement. La «génération X», qui a grandi dans l'ombre des baby-boomers, connaît la précarité et ne se retrouve pas dans les valeurs des années quatre-vingt, a trouvé sa voix.

Piège de la notoriété

«Nevermind» est arrivé exactement au bon moment. C'était une musique faite par et pour un tout nouveau groupe de gens qui avaient été négligés, ignorés, traités avec condescendance», explique le biographe du groupe Michael Azerrad dans «Come as you are: The story of Nirvana».

Très vite, Kurt Cobain se sent pris au piège de cette fabuleuse notoriété. Il supporte mal d'être la cible des tabloïds avec sa femme Courtney Love.

Il se dit écœuré de compter parmi son public des fans de hard rock, dont les valeurs machistes et l'attitude commerciale sont à l'opposé de ce qu'il défend. Mais il souffre aussi d'être rejeté par la communauté punk-rock pour qui le succès est synonyme de compromission.

Le musicien sombre dans la dépendance et la dépression. Il envisage même d'intituler le nouvel album du groupe «I hate myself and I want to die» («Je me déteste et je veux mourir»). Finalement intitulé «In Utero», le successeur de «Nevermind» sort en septembre 1993. Six mois plus tard, le 5 avril 1994, Kurt Cobain se suicide d'une balle dans la tête. / ats

Votre publicité ici avec IMPACT_medias