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Matière grise de printemps

07 avr. 2011, 08:42

Le gris, «nouveau noir» du costume masculin? Les propositions du printemps-été en la matière ne font aucun doute: lavé, perlé, tirant vers le beige, le tourterelle, brumeux ou foncé comme du charbon… Ses nuances sont si nombreuses - particularité de la teinte par rapport aux autres, selon l'historien des couleurs Michel Pastoureau - que les créateurs comme les marques de grande diffusion l'ont tous adopté.

Mais comment transformer un costume gris - on ne peut plus banal - en «costume de la saison»? Là, les avis sont plus partagés entre adeptes du style formel et disciples du déstructuré. Tous s'accordent cependant sur la nécessité d'alléger sa construction. Eté oblige certes, mais pas seulement, car cette «light attitude» répond à un véritable souci de confort.

Qu'il voyage pour ses affaires entre New York et Hongkong, qu'il parade à une soirée people ou qu'il marche tout simplement dans la rue, l'homme moderne ne veut plus de complet «carcan»… Kris Van Assche l'a bien compris. «Le costume pour homme est un uniforme, mais tout le monde reconnaît que ce n'est pas une pièce pratique à porter. En été, il tient trop chaud. En hiver, il ne l'est pas assez. Et puis il y a son côté noir étriqué qui est devenu comme un clich酻

Pour s'extirper de ce qu'il qualifie de «conflit constructif», le directeur artistique de Dior Homme et les ateliers de la maison se sont livrés à une mise à jour de cette pièce emblématique du vestiaire masculin. Il fallait «attaquer ce costume de l'intérieur parce qu'il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées créatives, il faut aussi le savoir-faire».

Pas l'air trop coincé

Le résultat: un costume de printemps allégé dans son entoilage mais qui conserve de la tenue grâce à la qualité des laines, des vestes souples qui perdent leurs manches, d'autres travaillées «à partir d'une simple couche de tissu qui se finit par sa lisière». Enfin, expression ultime de cet exercice: une demi-veste (dont l'autre moitié laisse la toile libre), sorte de work in progress qui témoigne d'une grande légèreté.

Et le gris dans tout ça? «C'est la couleur juste par excellence. Un classique de la draperie masculine», souligne le créateur.

Le cap n'est cependant pas toujours facile à franchir pour certains. C'est donc à ces derniers que s'adresse Guillaume Lemiel, le directeur artistique de De Fursac. «Ce que l'on vise, c'est le formel dans le bon sens, à savoir une coupe contemporaine dans laquelle on n'ait pas l'air trop coincé.» Ici, le costume reste donc structuré. Pour l'été, les titrages de laine sont plus élevés pour garantir souplesse et légèreté. «On passe des Super 120 double retors de l'hiver à des Super 130, Super 150 et toujours sur des développements exclusifs de Lanificio Cerruti.» De la même façon, les entoilages en crin de cheval s'adaptent à la saison pour adopter des poids plume. Au final, le gris amplifie cette volonté de rester dans l'air du temps. «Contrairement au noir, il rend le costume moins formel car il réagit à la texture du tissu. Prenez un gris sur un sergé ou un Super 130 sur un mélange coton-lin: à coupe identique, le costume n'aura plus du tout le même rendu», assure Guillaume Lemiel.

Zoran Bosanac, directeur artistique de Cerruti, adopte, lui, une posture plus radicale «parce que le costume business gris vous donne tout de suite dix ans de plus». Pour éviter cet écueil et rajeunir le coloris, il propose un costume en coton technique, froissé. Voire une veste formelle et un jean, «un dépareillé à la Gainsbourg, qui évite de tomber dans le trop strict».

Pas sérieux en été...

Autre parade pour contrer le sérieux de la matière grise: celle de Kris Van­Assche, qui, pour sa propre marque cette fois-ci, taille ses costumes aux reflets d'acier en s'inspirant du baggy et de la chemise, «car c'est ce que portent les hommes plus jeunes. J'essaie aussi de supprimer le fossé entre sportswear et tailleur», précise le créateur. Ailleurs, on raccourcira la longueur de la jambe pour porter le complet pieds nus dans une belle paire de richelieus, et on troquera la chemise pour un T-shirt lâche (Bally). Plus radicalement, on coupera le pantalon pour en faire un bermuda - (Azzaro Silver); ou encore, on assumera un coton subtilement brillant (Sandro). «On n'est pas sérieux quand on est en costume d'été», préconise-t-on chez ces derniers. Dont acte.

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