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Malbouffe plus discrète à la TV

Six fabricants s'engagent à ne plus faire de pub aux moins de 12 ans pour des aliments trop gras, salés ou sucrés. La Fédération romande des consommateurs, veut aller plus loin.

03 mars 2011, 08:22

Une limonade par ici, un snack par là: les mômes sont en première ligne en matière de publicité pour des aliments peu sains... Avec les dégâts que l'on sait: en Suisse, un enfant sur 5 à 7 est en surpoids, et un sur 25 souffre d'obésité. Six fabricants alimentaires (Coca-Cola, Kellogg's, Mars, Nestlé, Pepsico et Unilever) ont annoncé la semaine passée qu'ils renonçaient à diffuser en Suisse des pubs pour des aliments peu équilibrés durant les émissions de télé destinées aux moins de 12 ans, ainsi que dans les écoles. Baptisé Swiss Pledge, cet engagement volontaire reprend des principes appliqués aussi dans l'UE et dans une dizaine d'autres pays.

Pour chaque type d'aliments, les fabricants établissent des critères nutritionnels qui déterminent s'ils pourront ou non faire l'objet de pub pour les enfants. La poudre chocolatée Nesquik, par exemple continuera à faire l'objets de spots, indique Philippe Oertlé, porte-parole de Nestlé Suisse. «Ce produit contient des nutriments importants, tels que vitamines et énergie. Et il se consomme avec du lait, source de calcium.» A noter que «ces spots ne visent pas les enfants, mais les mamans». Pour la marque basée à Vevey, le Swiss Pledge «constitue un engagement à long terme».

Des fabricants qui s'auto-régulent pour limiter la pub, une bonne idée? «Tout pas dans cette direction est positif», commente Barbara Pfenniger, spécialiste alimentation à la Fédération romande des consommateurs. Mais pour la FRC, cela ne suffit pas: «Depuis plusieurs années, nous demandons l'interdiction pure et simple de la publicité pour des produits déséquilibrés visant des enfants.» La FRC a d'ailleurs inscrit ce thème parmi ses priorités de bataille pour cette année.

Pour Barbara Pfenniger, l'engagement de Swiss Pledge est insuffisant sur plusieurs points. En se concentrant sur la télé, il ne prend pas en compte la myriade de tentations qui courtisent les enfants en dehors de la TV: mascottes, emballages attrayants, «cadeaux» offerts à l'achat, parrainages, etc.

Et, outre les écoles, il faudrait aussi y inclure les manifestations destinées aux enfants, les rassemblements sportifs, etc, estime Barbara Pfenniger. L'Organisation mondiale de la santé ne dit pas autre chose: en mai 2010, l'OMS a émis des recommandations pour réduire la pression du marketing alimentaire sur les enfants - qui rejoint ces arguments point par point.

Deuxième problème: Swiss Pledge a bien été approuvé par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), mais cet engagement n'a pas de valeur contraignante. La FRC, qui rejoint là encore l'OMS, préférerait des directives obligatoires, décidées et contrôlées non par les entreprises, mais par l'Etat.

Chez Nestlé Suisse, Philippe Oertlé n'est pas convaincu: «en décidant de s'engager sur cette voie de manière volontaire, les entreprises concernées prennent ainsi leur responsabilité et feront le nécessaire pour que les mesures décidées soient appliquées.» Pour en augmenter l'impact, précise-t-il, les six signataires de Swiss Pledge espèrent d'ailleurs bien convaincre d'autres firmes de s'engager.

Et si au final, cette limitation volontaire de la pub n'était... qu'un coup de pub? «La prise de conscience sur la pandémie d'obésité est réelle, dans le public mais aussi chez les fabricants», nuance Barbara Pfenniger. «Mais il faut se méfier des bonnes intentions, qui visent parfois surtout à redorer son image.» Un exemple: «Tout le monde reconnaît qu'il faut manger moins de sel, et une large communication est faite là-autour. Mais notre dernière enquête montre que la teneur en sel de certains produits alimentaires continue d'augmenter.» /AMO-La Liberté

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