A peine fêté l'avènement de l'année du Lièvre, l'ancienne Formose éblouit le monde par des célébrations uniques et grandioses.
Le parc municipal de Miaoli (sur la côte est de Taïwan) ressemble à un vaste Luna Park, étirant vers les quatre points cardinaux des chapelets de constructions et stands colorés, le long d'interminables allées pavoisées. On y débite de la nourriture à consommer sur place. On y presse la canne à sucre pour en extraire un jus aussi douceâtre que la musique distillée par les haut-parleurs. Les sponsors de la Fête des lanternes distribuent des gadgets frappés à leur logo, alors que des essaims bénévoles orientent les foules vers l'estrade officielle. Arborer le très convoité badge VIP attire des regards envieux. Ce précieux sésame ne dispense pas du contrôle de sécurité, façon aéroport: fouille en règle, examen scrupuleux du matériel de prise de vues. C'est que la ville attend le président en personne. Avertissement: pas question de quitter son siège ou de photographier qui ou quoi que ce soit durant l'allocution de Ma Ying-jeou.
Pour patienter entre chien et loup, les sociétés de jeunesse enchaînent prouesses acrobatiques et fantaisies chorégraphiques sur un podium long comme un terrain de foot, sous l'effigie d'un lapin géant (emblème astrologique de 2011).
La nuit à peine tombée, toutes les lumières s'éteignent. Scandé par des milliers de spectateurs impatients, le décompte inaugural officialise l'ouverture des festivités. Explosion de feux d'artifice et de lasers. Immobiles ou animées, petites ou démesurées, soudainement éclairées de l'intérieur, les structures métalliques recouvertes de papier coloré transforment la ville en un fabuleux opéra.
Dans la Chine ancienne, les hommes croyaient que l'on pouvait voir voler les esprits du ciel à la première pleine lune de chaque nouvelle année. D'où ces célébrations organisées partout, dans les temples et les parcs. Mais chaque année, la cérémonie d'ouverture se déplace d'une ville à l'autre pour perpétuer ses danses du dragon et du lion, ses démonstrations d'art populaire. L'ambiance reste familiale. Aucune manifestation de violence ou d'ivresse parmi ces hordes de participants plus motivés à l'idée de rédiger leurs vux sur des petites fiches à suspendre entre les lampions qu'à se défouler sans discipline. /bpi