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Les Suisses adoptent de moins en moins d'enfants

Signe des temps: fonder une famille par adoption devient de moins en moins courant en Suisse. En 2009, on n'a recensé que sept adoptions pour 1000 naissances. En chiffres absolus, le nombre d'enfants adoptés chaque année est tombé de 1600 en 1980 à 500 en 2009.

11 janv. 2011, 11:46

Les motifs d'adoption ont changé en 30 ans. Comme le monde a changé. En 1980, les deux tiers des adoptions se passaient dans le cadre des familles, souvent lorsqu'un nouveau mari adoptait les enfants que sa femme avait d'un premier lit. Aujourd'hui, la proportion s'est inversée et les adoptions à l'intérieur de la famille représentent juste un tiers du total.

L'acceptation sociale des mères célibataires a aussi eu un impact sur le sort des enfants. En 1980, 300 jeunes Suisses étaient à la recherche d'une famille d'accueil, contre 25 à 30 par année de nos jours.

L'adoption internationale a souffert de l'absence de standards acceptés par tous, qui auraient permis de faire face à des situations de détresse extrême. Vingt ans après leur diffusion, les images terribles d'enfants laissés à eux-mêmes dans des orphelinats chinois ou roumains sont encore dans les mémoires.

«Ce qu'il y a de nouveau aujourd'hui, c'est que dans pratiquement tous les pays, vous avez des gens des classes moyennes ou supérieures qui ont les moyens d'adopter ces enfants», explique Rolf Widmer, du Service suisse de l'adoption.

Depuis 1993, la Convention de La Haye stipule que les enfants devraient d'abord être placés dans des familles adoptives de leur pays et n'être proposés pour l'adoption internationale que lorsque cela n'est pas possible. 80 pays ont adopté ce texte et en Suisse, les lois qui en découlent sont entrées en vigueur en 2003.

Au niveau mondial, la demande pour des enfants en bonne santé et adoptables légalement dépasse largement l'offre, explique Marlène Hofstetter, de l'ONG Terre des hommes, dédiée à l'enfance. «Depuis la Convention de La Haye, de nombreux pays ont amélioré leurs structures et leur législation et ils trouvent des solutions domestiques pour leurs orphelins», explique-t-elle. «Mais comme la demande reste importante, les pays cible placent désormais la barre très haut en termes d'âge, de santé ou de revenu des requérants, afin de limiter la demande.»

Marlène Hofstetter estime que l'état d'esprit des futurs parents adoptifs doit changer. «Le défi, pour l'avenir de l'adoption, c'est d'éveiller la conscience des parents sur les enfants qui ont réellement besoin d'être adoptés, soit des enfants un peu plus âgés, qui souffrent de problèmes de santé ou d'un handicap.»

Rolf Widmer confirme que les enfants qui ont le plus besoin d'une famille d'adoption ne sont pas les tout-petits. «Les plus âgés sont généralement ceux qui restent dans les orphelinats, car ils n'ont personne. Mais adopter un enfant pareil est une tâche très exigeante pour les parents. Car ces enfants arrivent avec leur propre histoire», rappelle-t-il.

Christine Piffaretti, de l'association Espace adoption à Genève, confirme que l'adoption d'un enfant plus âgé est une affaire délicate. Et insiste sur l'importance de la préparation et de la bonne évaluation, des parents comme de l'enfant.

«On n'est jamais trop prudent lorsqu'il s'agit d'une adoption internationale, surtout lorsque l'enfant est déjà un peu âgé. Cette solution ne devrait jamais être que le dernier recours, et toujours se faire dans l'intérêt de l'enfant», plaide-t-elle. /COD

Traduit de l'anglais par Marc-André Miserez pour swissinfo.ch

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