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Les professionnels des obsèques rencontrent leur public

Reportage au Salon de la Mort qui s'est tenu au Carrousel du Louvre, en plein cœur de Paris.

11 avr. 2011, 12:13

«Vous voulez essayer le cercueil?» Surpris mais attiré, le jeune homme prend place dans les draps de satin ivoire et accepte que l'on ferme le couvercle sur lui durant quelques secondes. Au Salon de la Mort, toutes les expériences sont permises.

Pour ce premier rendez-vous grand public du genre jamais organisé à Paris, une centaine d'exposants étaient installés jusqu'à hier soir au Carrousel du Louvre. «C'est bien de parler de mort au cœur de la capitale, alors qu'on est dans une société plutôt basée sur la consommation, le loisir», dit Jean-Paul Soltani, fabriquant de monuments funéraires en Bretagne. Des pompes funèbres aux petites annonces en passant par le don d'organes, les œuvres d'art, la marbrerie et l'art d'embaumer les défunts, tous les aspects du trépas étaient déclinés au Salon de la Mort, dans une atmosphère dédramatisée.

Les 25 000 visiteurs espérés par les organisateurs pouvaient longer les couloirs fleuris où sont alignés des cercueils biodégradables et des urnes funéraires luxueuses. Et repartir en suçant un bonbon «3123 obsèques», doté d'un petit miroir à l'effigie des Pompes funèbres générales, après avoir essayé un cercueil. «Ça y est, je l'ai fait: j'ai l'impression d'avoir chassé un petit démon», dit un jeune homme ayant tenté l'expérience.

Un «bar de la veuve», sponsorisé par la marque de champagne Veuve Cliquot, jouxte la galerie d'art parisienne Baudoin Lebon. «Beaucoup d'artistes travaillent sur la vanité. La création, qui est la naissance, fait que l'on s'intéresse à la mort aussi», dit le galériste, qui présente notamment un squelette pailleté conçu par l'artiste Henri Foucault.

Aux dires des professionnels, des obsèques coûtent en France entre 2000 et 4500 euros en moyenne, tout compris. «La tendance est à la sobriété. On peut par exemple nous demander des monuments tout blancs», dit Jean-Paul Soltani.

Les crémations, préférées aux enterrements dans un tiers des cas, sont en progression constante. D'où l'émergence d'un marché de l'urne funéraire. Sandra Piat, fondatrice d'Extra-Celeste, présente des urnes biodégradables en fil de coton, qui peuvent s'enterrer, et d'autres, plus pérennes, en galuchat ou taillées dans des blocs de sel, vendues entre 700 à 3900 euros pièce. Un stand propose de réaliser un film sur sa vie, un autre de déposer ses cendres au pied d'un arbre, un troisième de faire réaliser son propre crâne en résine - «une démarche artistique, technologique et existentielle à la fois», souligne Antoine Fenoglio, du duo de designers Sismo.

La maison d'édition Acte Sud a installé une librairie où l'on trouve des disques de musique classique - des requiems, essentiellement - et des livres sur la mort. «Savoir mourir» de Sénèque côtoie ou «Réflexions sur la guillotine» d'Albert Camus.

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