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Le stress des infirmières influe sur les patients

La mortalité des patients augmente avec le stress des infirmières, selon une étude conduite dans neuf pays, dont la Suisse.

26 févr. 2014, 18:12
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La vie des patients pourrait être en jeu lorsque le personnel soignant est surchargé de travail. Une étude, parue dans la revue médicale "Lancet", met le doigt sur un point sensible alors que dans bien des pays les budgets santé sont sous pression.

Les chercheurs ont relevé les taux de survie après des opérations chirurgicales dans 300 hôpitaux et les ont mis en relation avec la charge de travail et le niveau de formation des infirmières. En Suisse, les données proviennent de 31 hôpitaux de soins aigus.

Les interventions chirurgicales concernaient plus de 420'000 patients de plus de 50 ans qui ont subi des opérations courantes comme celles de la hanche, du genou, des interventions vasculaires ou de l'appendicite.

Mortalité de 7% dans certains cas

Le nombre de patients morts à l'hôpital dans les trente jours suivant l'admission était très faible en moyenne: de 1 à 1,5%, selon les pays. Au sein d'un même pays, le taux de mortalité varie toutefois largement: inférieur à 1% dans certains hôpitaux, il dépasse 7% dans d'autres.

Deux facteurs majeurs sont liés à cette mortalité plus élevée: une charge de travail plus importante et un niveau d'éducation plus faible des infirmières. En Espagne et en Norvège par exemple, toutes les infirmières ont l'équivalent du niveau de licence, soit un grade universitaire de premier cycle. Ce taux n'est que de 28% en Angleterre.

Dans les hôpitaux où chaque infirmière est chargée de six patients en moyenne et où 60% ou plus de l'équipe a le niveau licence, le risque de décès du patient dans les 30 jours est inférieur d'un tiers à celui des établissements où chaque infirmière a à sa charge huit patients et où seulement 30% d'entre elles ont ce degré d'éducation.

A chaque patient supplémentaire par infirmière correspond une hausse de 7% du risque de décès pour le patient. Chaque augmentation de 10% de la proportion d'infirmière qualifiée au niveau de licence se traduit par une baisse de 7% de la mortalité, calculent les chercheurs.

Mesures d'économie

La réduction des effectifs du personnel soignant par souci d'économie pourrait affecter l'état de santé des patients, avertissent les auteurs de l'étude. Mettre davantage l'accent sur l'éducation de cette profession pourrait réduire les décès évitables à l'hôpital.

"Ces résultats suggèrent qu'un niveau sûr du personnel infirmier pourrait contribuer à réduire la mortalité chirurgicale et remettre en question l'idée largement répandue que l'expérience des infirmières et plus importante que leur formation et éducation", estime le Professeur Linda Aiken (Etats-Unis, University of Pennsylvania's School of Nursing) dans une déclaration accompagnant l'article du "Lancet".

L'étude a été réalisée en Belgique, Angleterre, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Suisse. Au Canada et aux Etats-Unis, des études abondent dans le même sens.

Nouvelle étude en Suisse

Une étude subséquente est menée à l'Université de Bâle pour voir si les conclusions internationales s'appliquent à la Suisse seule. La situation helvétique est particulière, a expliqué le chercheur René Schwendimann à l'ats.

Seuls 10% du personnel soignant en Suisse possèdent un bachelor. La plupart a acquis un diplôme dans une école spécialisée. L'étude bâloise doit examiner les effets de ce système dual et la charge de travail sur la mortalité post-opératoire en Suisse.

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