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Le «roaming» plombe les vacances

15 juil. 2011, 09:33

Les Suisses sont comme des extraterrestres à l'étranger. Contraints de payer des prix exorbitants pour un appel téléphonique, c'est un peu comme s'ils venaient d'une autre planète. Le gouvernement refuse d'intervenir pour réduire les tarifs du «roaming» (itinérance internationale) et la grogne des consommateurs monte.

«Les tarifs suisses de téléphonie mobile à l'étranger sont d'une impudence que nous ne pourrons plus tolérer davantage.» C'est le rédacteur en chef de la revue de défense des consommateurs «K-Tipp», Peter Salvisberg, qui l'affirme. De fait, les Suisses paient beaucoup plus pour téléphoner que ne le font les citoyens des 27 pays de l'Union européenne (UE).

Clivage exponentiel

Depuis le 1er juillet 2011, le clivage entre les tarifs s'est encore creusé, puisque l'UE doit introduire un tarif unitaire pour tous ses Etats membres. Un appel effectué depuis l'étranger ne coûtera plus que 35 centimes d'euro (environ 42 centimes suisses) à la minute, et les SMS seront facturés 11 centimes d'euros (environ 13 centimes suisses).

En revanche, il en coûtera deux francs la minute au touriste suisse séjournant en Grèce par exemple, soit un prix quatre fois supérieur à celui facturé à des touristes français, italien ou allemand dans le même pays.

On le sait, téléphoner n'est qu'une des multiples fonctions d'un téléphone portable. Les smartphones permettent, entre autres, de se connecter à internet pour consulter son courrier électronique, s'orienter dans une ville, lire le journal en ligne ou mettre à jour son compte Facebook. Autant de ressources dont l'usage hors frontière peut générer une facture particulièrement salée au retour des vacances. Les coûts de tels services sont exorbitants et les différences de prix entre opérateurs suisses et étrangers, vertigineux.

«Vodafone Italie offre un tarif journalier de deux euros pour la transmission de 50 mégabyte (réd: MB). Les Deutsche Telekom proposent une navigation illimitée à 15 euros la semaine. Swisscom, le plus grand opérateur de téléphonie de Suisse, facture sept francs (environ six euros) pour chaque dix MB de données transmis», explique Ralf Beyeler, expert en communication auprès de comparis.ch, une société suisse qui propose un service de comparaison de prix et prestations en ligne.

Serpent de mer

L'UE avait affirmé sa volonté de faire baisser les tarifs de «roaming» international, soit l'utilisation d'un réseau de téléphonie mobile différent de son opérateur habituel, par itinérance internationale, il y a quatre ans déjà. Pour l'heure, la Confédération n'entend pas imposer de réduction des prix. «Le gouvernement suisse a décidé de ne pas inclure ce sujet dans le paquet des accords bilatéraux III, le dossier étant déjà surchargé. Et à ce stade, le Conseil fédéral ne veut pas arrêter de date pour examiner la question», explique Roberto Rivola, responsable de la communication auprès de l'Office fédéral des communications.

Un accord bilatéral permettrait cependant aux opérateurs suisses de fixer un tarif unitaire, de concert avec les 27 pays membres de l'UE. Cette solution éviterait aux entreprises de téléphonie helvétiques de trouver des ententes avec chaque opérateur étranger, ce qui favoriserait une baisse des tarifs. Au contraire, la Confédération a décidé de laisser aux entreprises le soin de réduire les coûts de «roaming» à l'étranger.

Depuis le 1er juillet 2010, elle a uniquement imposé aux opérateurs d'informer leurs clients par SMS sur les prix des appels, des messages et des transmissions de données, dès qu'ils sortent des frontières nationales. Depuis juillet de cette année, Swisscom avisera aussi l'usager qui a atteint un plafond fixé antérieurement, et bloquera automatiquement la navigation sur le web pour l'abonné.

L'ordonnance fédérale qui fixe les seuils maximaux des coûts d'itinérance internationale à ne pas dépasser n'est cependant pas toujours appliquée à la lettre par les prestataires de téléphonie mobile suisses. «Récemment, je me trouvais à l'étranger avec des amis abonnés à des opérateurs suisses différents. L'un d'eux a un message d'avertissement cinq minutes après avoir franchi une frontière, un autre, deux heures plus tard et un troisième après trois jours seulement», explique Ralf Beyeler, qui rappelle que la base légale fédérale constitue néanmoins un premier pas dans la bonne direction.

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