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Le retour des infections sexuellement transmissibles

30 juin 2011, 15:21

«Entre 2008 et 2009, l'augmentation des cas de gonococcie a atteint 52% en France. Elle n'est plus limitée aux groupes à risque mais s'observe désormais dans l'ensemble de la population», souligne le Dr Caroline Semaille, responsable de l'unité VIH /IST /hépatites B et C à l'Institut national de veille sanitaire. Cette infection sexuellement transmissible (IST), responsable de la blennorragie, a un temps d'incubation très court et se révèle une véritable sentinelle pour les comportements à risque. Les chiffres les plus récents, obtenus en 2009 par l'INVS, montrent par ailleurs une augmentation significative des cas d'infections à Chlamydia trachomatis, qui touchent presque 10% des jeunes femmes dans certaines régions.

Enfin, si la recrudescence de syphilis observée depuis 2000, alors que cette maladie avait pratiquement disparu dans les années 1990, semble enfin enrayée, le nombre de cas de syphilis latente, dépistée lorsqu'elle ne provoque plus de symptômes apparents, représente désormais 35% des cas dépistés.

Préservatif banalisé

«Il faut quand même rappeler qu'on est loin des chiffres des années 1980 et qu'il ne s'agit pas d'une explosion de maladies sexuellement transmissibles», indique le Pr Michel Janier, président de la section MST de la Société française de dermatologie. «Cela pose cependant des questions sur l'efficacité des mesures en place visant à les prévenir.»

S'il est difficile de déterminer quelle est la cause précise de ces augmentations, deux facteurs semblent jouer un rôle. Le VIH a permis de banaliser l'usage du préservatif, qui a conduit à une chute brutale des IST à la fin des années 1980, mais il n'est pas suffisant pour prévenir d'autres infections ayant des modes de transmission différents. La fellation, pratiquée le plus souvent sans préservatif, autorise ainsi la transmission de nombreux germes. La modification des comportements sexuels joue donc un rôle important.

Par ailleurs, si certaines IST se révèlent par des signes évidents comme des écoulements inhabituels au niveau de la verge, des brûlures en urinant, des pertes vaginales ou l'apparition de lésions localisées, elles restent souvent silencieuses. De nombreuses personnes en sont donc porteuses sans le savoir, avec des conséquences majeures puisque les blennorragies ou les chlamydioses peuvent conduire à des grossesses extra-utérines et à la stérilité chez la femme ou à des inflammations graves de la prostate, des testicules et de l'épididyme chez l'homme. «Le dépistage est l'outil de lutte le plus efficace pour les identifier et les traiter précocement», rappelle le Dr Semaille. «Il s'agit d'éviter les complications pour le patient mais également de prévenir de nouvelles contaminations, d'autant que les IST favorisent par ailleurs la contamination par le VIH.»

Après un rapport sexuel avec un nouveau partenaire ou lorsqu'on a eu récemment plusieurs partenaires sexuels, il est important de pratiquer un dépistage d'IST, à répéter tous les ans si la prise de risque perdure. Seul le dépistage de la syphilis nécessite un prélèvement sanguin en l'absence de lésions visibles, les autres IST sont dépistées par une analyse d'urine ou un prélèvement local.

L'arrivée des tests rapides devrait encore plus faciliter la prise en charge des IST. Les traitements «minute», une prise unique d'antibiotiques à forte dose, sont déjà recommandés. Ils permettent d'éviter les traitements au long cours qui favorisent l'apparition de résistances aux antibiotiques. Les gonocoques sont ainsi devenus résistants à de nombreux antibiotiques et le traitement doit désormais être uniquement une injection intramusculaire de 500 mg de ceftriaxone.

Pour les infections d'origine virale (papillomavirus, herpès, hépatites, VIH), il n'existe pas de traitement capable d'éradiquer les virus, mais il existe un vaccin contre le papillomavirus et les hépatites A et B. «La vaccination est le seul outil parfaitement efficace, il est dommage qu'elle ne soit pas plus largement pratiquée chez les jeunes, qui sont particulièrement concernés», rappelle le Dr Vernay-Vaïsse. La vaccination contre le papillomavirus, uniquement dirigée vers les jeunes femmes à l'heure actuelle, pourrait d'ailleurs être également proposée aux hommes…

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