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Le pot de terre et l'ambitieux pot de fer

03 juin 2011, 11:33

Un énorme projet de mine à ciel ouvert d'une compagnie indienne divise l'Uruguay, traditionnellement centré sur l'élevage. Le pays est partagé entre ceux qui veulent protéger la nature et les partisans d'une source de richesses providentielle.

Le projet Aratiri, de la jeune compagnie à capitaux indiens Zamin Ferrous, basée à Londres, suppose un investissement industriel de 2,5 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros), soit le plus gros de l'histoire du pays d'Amérique du Sud, équivalent à plus de 6% de son Produit intérieur brut (PIB).

Le projet va créer 1500 emplois directs et rapporter à l'Uruguay 500 millions de dollars par an (348 millions d'euros), soit environ 1,5% du PIB, selon le responsable logistique d'Aratiri, Santiago Sotuyo.

Quelque 12 000 hectares concernés

Dans un pays très centré sur l'élevage, le gouvernement doit encore donner son feu vert à l'exploitation qui doit concerner 12 000 hectares, et a exigé un nouveau rapport d'impact environnemental. Mais déjà, des éleveurs et écologistes s'opposent au projet. Selon eux, il va obliger 2500 personnes à partir et provoquer des dégâts irréversibles sur le milieu naturel.

En Uruguay, le sous-sol appartient à l'Etat, qui a demandé aux agriculteurs de laisser la compagnie prospecter sur leurs terres.

Contre une mince compensation financière, Claudia Perugorria a ouvert ses portes aux machines perforatrices sur les 47 hectares où elle élevait une trentaine de vaches et moutons. Aujourd'hui, ses pâturages sont endommagés par des traces de pneus, des cratères, des trous où les animaux peuvent trébucher.

«La couverture végétale va mettre du temps à se réparer», estime l'agricultrice, qui a porté plainte. L'Uruguay, jusqu'à présent épargné par les appétits des compagnies minières contrairement à ses voisins sud-américains, pratique l'élevage extensif. Les prés immenses sont considérés comme de l'or.

Selon Julio Gomez, porte-parole des éleveurs, le projet est «démesuré» pour la taille de l'Uruguay, un pays de 176 215 km2 entre deux géants, le Brésil et l'Argentine. Le nombre de vaches (11 millions) y est trois fois supérieur à celui des habitants.

«On achètera des boulons chinois»

Aratiri, qui pense extraire 18 millions de tonnes par an, «modifie sérieusement un équilibre environnemental qui existe depuis plus de 200 ans», dit l'éleveur. «L'extraction du fer est limitée dans le temps, à trente ans, et va se substituer à une activité productive durable, l'agriculture».

«De plus, 95% de la richesse va s'en aller pour soutenir l'industrie chinoise ou indienne, ici on ne va pas créer d'industrie sidérurgique, et après on achètera des boulons chinois», regrette-t- il. Le pays conserve 5% du minerai extrait, selon le code minier qui est toutefois en pleine révision.

Mais à Cerro Chato, village de 4500 habitants, beaucoup se réjouissent d'un soutien au commerce et de la création d'emplois, notamment les anciens gardiens de troupeaux qui gagnent trois fois plus à la mine, dans la prospection. / ats-afp

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