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Le film terrifiant du suicide d'un jeune Neuchâtelois

Pour briser le tabou du suicide, la TSR diffuse mercredi prochain, en prime time, un documentaire bouleversant consacré à un jeune Neuchâtelois qui s'est filmé durant les derniers mois de sa vie. Jusqu'à l'acte final.

10 oct. 2009, 08:58

Il a un visage plein de douceur, Thomas. De longs cheveux bruns. Une voix paisible, posée. Et une étincelle rebelle dans le regard. Il a 22 ans, écrit des poèmes, compose de la musique, gratte sa guitare, tombe amoureux, se prend des râteaux... comme tant d'autres. Parmi tous ses projets, le jeune homme nourrit «un rêve absolu», devenir cinéaste. Les vidéos réalisées sur le ton de la rigolade avec ses copains ont du succès; l'une d'elles, pastiche médiéval d'une pub pour une boisson énergisante, est primée en 1998 dans un concours marquant le 150e anniversaire de la Révolution neuchâteloise.

Et pourtant, c'est ce jeune homme doué, brillant, toujours partant pour faire rire les copains, qui décide un jour d'avril 1999 de mettre en scène sa propre mort. Un peu comme si le film macabre qu'il se joue dans le secret de sa chambre d'ado l'avait soudain rattrapé, happé.

Mois après mois, jusqu'au passage à l'acte, à l'aube du 2 octobre, il confie à la caméra son désarroi face à la vie, une vie qui ne mérite pas d'être vécue, ressasse-t-il inlassablement. Thomas laissera près de 15 heures d'images, effroyable chronologie du mal-être ordinaire d'un jeune adulte tellement semblable à d'autres, avec ses crises de doutes et son immense besoin de reconnaissance. Sous l'œil de la caméra, il se regarde vivre, souffrir, aimer; il se regarde se détruire. Ce film, il le veut comme sa première et ultime œuvre d'art «dont tout le monde parlera». Au petit matin, la mère de Thomas, de retour d'un long voyage, trouvera le corps sans vie de son fils et la vidéo qui tourne encore.

Sept ans plus tard, Orane Burri, jeune cinéaste neuchâteloise dont Thomas était amoureux, décide de tirer un film de ces cassettes «pour tenter de donner un sens à un acte aussi effroyable». C'est ce documentaire, «Tabou», d'une soixantaine de minutes, qui sera diffusé mercredi dans le cadre d'un débat d'«Infrarouge» consacré au suicide. L'acte final n'est que suggéré, mais les images n'en sont pas moins brutales, saisissantes d'authenticité, malgré les précautions de la cinéaste, qui met en perspective les propos de Thomas avec les témoignages de ses proches. Et toujours, en filigrane, cette question forcément sans réponse: pourquoi?

Manon Mendez, sœur de Thomas, reste quelque peu réservée sur la démarche d'Orane Burri: «Les gens veulent absolument trouver les causes d'un suicide dans la névrose, la dépression, l'environnement familial... Notre Thomas n'était pas l'être sombre de ses enregistrements vidéo. Si nous n'avons rien vu, c'est qu'il n'y avait rien à voir!» Et la jeune femme, qui ne s'est toujours pas résolue à voir le film sorti au printemps dernier, ajoute: «Tout porte à croire que Thomas s'est laissé prendre à son propre jeu. Dans la dernière bande-vidéo, il dit qu'il a juste envie de dormir et il appelle au secours mes parents. Il voulait se tuer, mais il ne voulait pas mourir.» /CFA

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